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1671

abbé Montfaucon de Villars, La Critique de Bérénice

Paris : L. Bilaine, M. Le Petit, E. Michallet, 1671

Les pleurs de l'abbé

Dans une lettre consacrée à la Bérénice de Racine, l'abbé de Villars témoigne de sa double expérience de spectateur :il n'a pu apprécier la pièce lors de la première représentation,tout occupé qu'il était à remarquer les irrégularités ;lors de la deuxième représentation, il est "enchanté" mais cela l'amène à condamner avec ironie la pièce de Racine, jugée trop élégiaque pour être une bonne tragédie.

[Les partisans de Corneille] ne trouveront pas mauvais, s'il leur plaît, que j'aie été enchanté à la seconde représentation que j'ai vue de la Bérénice de l'Hôtel de Bourgogne, que j'y aie pleuré copieusement, à l'exemple d'une femme de qualité, et enfin que je n'aie pas été d'avis que cette pièce n'est pas bonne parce que les règles du théâtre y sont mal observées. Je veux grand mal à ces règles, et je sais fort mauvais gré à Corneille de me les avoir apprises dans ce que j'ai vu de pièces de sa façon. J'ai été privé, la première fois que j'ai vu Bérénice à l'Hôtel de Bourgogne, du plaisir que je voyais qu'y prenaient ceux qui ne les savaient pas. Mais je me suis ravisé le second jour : j'ai attrapé Monsieur Corneille, j'ai laissé Mesdemoiselles les Règles à la porte, j'ai vu la comédie, je l'ai trouvée fort affligeante, et j'y ai pleuré comme un ignorant.

Extrait signalé par M. Escola 
éd. G. Michaut, La "Bérénice" de Racine, Paris : Société française d'imprimerie et de librairie, 1907, p.242


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