Par support > Romans, nouvelles > L'Héroïne mousquetaire

 

1677

Jean de Préchac, L'Héroïne mousquetaire

vol. I, Paris, Compagnie des libraire, 1677-1678

Travesti (faussement) démasqué sur scène

La protagoniste de cette nouvelle, femme forcée de se travestir en homme pour échapper à un épisode de sa jeunesse, se retrouve au couvent à jouer la comédie pour l'archevêque. Celui-ci, qui reconnaît celle qu'il croit être un homme, fait scandale :

Les prélats en Espagne sont fort exacts à visiter les maisons religieuses, autant pour la consolation de ces saintes filles qui ont une grande vénération pour eux, comme pour s’acquitter de leurs charges. Et l’archevêque de Saragosse étant allé visiter le couvent de Saint Ursule, les religieuses, après avoir reçu sa bénédiction, le régalèrent d’une petite comédie assez réjouissante dans laquelle Christine représentait Dom Sanché Abarca, roi d’Aragon, dont elle s’acquitta admirablement bien. L’archevêque, qui avait vu plusieurs fois Christine écolier, la voyant encore vêtue en homme, la reconnut d’abord et d’autant plus facilement que Christine étant d’une beauté parfaite et d’une taille singulière, il était difficile de trouver en Espagne des personnes de son air.

La comédie étant finie, ces bonnes religieuses qui s’attendaient à de grands applaudissements du bon succès de leur pièce furent fort étonnées de voir l’indignation et la colère peintes sur le visage de ce prélat qui, ayant appelé en particulier la supérieure avec deux des plus anciennes, leur dit qu’il était fort scandalisé de voir qu’au mépris de [la[ règle, et au grand scandale de tant de bonnes âmes qu'il y avait dans cette communauté, elles eussent eu la hardiesse d’introduire un jeune homme dans leur couvent pour lui faire représenter la comédie avec leurs pensionnaires. La supérieure, se trouvant plus surprise que les autres, prit la parole et assura l’archevêque qu’il n’y avait point d’homme parmi leurs pensionnaires, n’y en ayant aucune qui ne fût depuis longtemps dans leur maison et qu’elle ne connût très bien. L’archevêque, qui croyait d’être bien sûr du contraire, lui demanda qui était celle qui avait représenté Dom Sanché et depuis quel temps elle était dans leur maison.

Nouvelle disponible sur Google Books.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »