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1671

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Chenault, 1671.

Éloge de Poisson à l'occasion de sa nouvelle pièce

Dans la lettre du 11 juillet 1671, Robinet prend l'occasion d'une nouvelle pièce de Poisson, Les Coquettes, pour passer en revue ses précédentes créations :

À propos de style enjoué
Poisson qui, des plus, est doué [comédien de l’Hôtel de Bourgogne]
De ce facétieux génie
Qui fait grossir la compagnie
À nos spectacles théâtraux,
Cet auteur qui, des plus moraux,
Qu’on voit monter au Parnasse,
A fait le Baron de la Crasse,
Lui, dis-je, de belle hauteur,
Du Poète basque encore l’auteur,
Ainsi que du Fou raisonnable,
Plus que tous les sages aimable,
Item aussi du Sot vengé,
Miroir de tout sot outragé,
Item, enfin, des Moscovites
Desquelles pièces dessus dites,
Il m’a régalé, galamment,
Et, tout-à-fait obligeamment,
Cet auteur goguenard, vous dis-je,
Dont, brièvement, je rédige,
Ici les ouvrages et le los,
Nous vient d’exposer les tableaux,
De nos coquettes fieffées [c’est une comédie intitulée Les Coquettes qui se joue à présent]
Lesquelles sont si bien coiffées
Et coiffent si bien les maris
Qui dans leurs panneaux se sont pris.
Or, il a dans cette peinture,
Si bien imité la nature,
Qu’il n’y manque pas un seul trait,
Pour être un fidèle portrait.
On y voit leurs vrais caractères,
Leurs manières et leurs mystères,
Et, tout franc, l’on découvre là
Dans ces fidèles tableaux là
De quel air telles libertines
Dignes d’aller aux feuillantines,
Traitent les jobelins d’époux
Devenus sots d’être trop doux.
Mais, au reste, ces portraitures,
Qui ne sont pas des miniatures,
Ont, par tout, des coups de pinceaux,
Dignes d’un égrillarde cerveau,
Et si plaisants que les coquettes
En sont toutes très satisfaites,
Ainsi que leurs cancres d’époux,
Et sont, aussi, très contents, tous.
Je crois, Lecteur, le pouvoir dire,
Puisque j‘y vis tout chacun rire,
Les deux fois que, pour rire, aussi,
J’y fus étouffer mon souci.

Charles Robinet, Lettres en vers à Monsieur, Paris, Chenault, 1671. [Mazarine, 296-A5-RES]


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