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1671

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Chenault, 1671.

Fête à Vincennes

Robinet traite longuement, dans ses lettres du 24 et 31 janvier 1671, d'une fête à l'occasion de laquelle sont donnés un bal ainsi que deux pièces par les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne :

Le soir, même, on eût là, grand Bal,
Où Roi, Reine, Seigneurs, et Dames,
Brillaient mieux que des Oriflammes,
Et semblaient, par leurs beaux Joyaux,
Des Indiens Orientaux.
La Bérénice de Corneille,
Qui parut une vraie Merveille,
Et digne du Plaisir Royal,
Précéda cet éclatant Bal,
Avecque Collation telle,
Qu’on n’en peut voir une plus belle :
Et l’orange, et le citron doux
Qui plaisent fort, au goût de tous,
Y furent, à ce qu’on rapporte,
Servis de si féconde sorte,
Qu’il ne saurait, en vérité,
En être, en Portugal, resté.

[…]

Or, après cette chasse-là,
Où, maint gibier, l’on accula,
Le soir, on eût, pour grand régale [sic],
Par la propre Troupe Royale,
Le Bellérophon de Quinault
Mis au théâtre, comme il faut,
Et qui plût, certes, à miracle,
A ce que j’ai su d’un oracle.

[31 janvier 1671]

Le mercredi, sur nouveau frais,
Tout de nouveau, l’on fit florès,
L’on eut, encore, la Comédie,
Avec charmante Mélodie,
Par cette troupe, où Floridor,
Paraît, toujours, comme un Médor.

[…]

On eut, encore, chère semblable,
Ce qui veut dire incomparable,
Et, bref, on eut, encore, le bal,
Où tout le beau congrès royal,
Composait une mascarade
Que l’illustre de Bensérade
Pourrait, seul, décrire en ses vers
Admirés de tout l’univers. Les Grecs, les Turcs, les Moscovites,
Qui n’ont ni Prêtres, ni Lévites,
Les Arméniens, les Persans,
Et maintes autres telles gens,
Dont trop longue serait la liste,
Et pourrait lasser un copiste,
Se voyaient là, représentés,
Tant par nos grandes majestés,
Que par leur royale séquelle,
En conche, non pas telle quelle,
Chaque habit revenant à plus
De trois fois, quatre mille écus :
Si qu’il ne s’était point, encore,
Vu de Persans, de Turcs, de Mores,
Et d’autres gens, tels que ceux-là,
Si magnifiques que cela,
Ni d’autant illustre naissance,
Ni d’autant charmante prestance,
Et ni, pour vous le trancher court,
Si dignes d’hommage, et d’amour.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »