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1659

(Nicolas Drouin dit) Dorimond, A Monsieur Dorimond, sur sa tragi–comédie du Festin de Pierre

A Lyon, chez Antoine Offray, au change. 1659

Dorimond auteur, Dorimond comédien

Cet étonnant paratexte propose une succession de pièces poétiques adressées à Dorimond. Si certaines soulignent son talent d'auteur, d'autres font l'éloge de son jeu:

Quand par des généreux efforts,
Tu tires Don Juan de l'empire des morts,
Et fais paraître au jour ses défauts et ses vices,
Le pouvoir de ta muse et ses charmes sont tels
Que ce qui fut jadis la haine des mortels
En est aujourd'hui les délices.


Autre sizain au même

Tes mouvements sont pathétiques
Et tu n'es pas de ces comiques
Qui veulent, dans tous leurs projets,
À l'esprit du vulgaire accommoder leur style
Le tient plaît aux savants, et tu prends des sujets,
Où tu joins le plaisir et l'honnête à l'utile.


Autre sur le même sujet

On voit dans tes doctes écrits
Quelle est la force de ta veine.
Apollon qui t'a mis au rang de ses chéris
Promet de dignement récompenser ta peine.
Mon espérance n'est pas vaine
Et les plus savants dans Paris
Tiennent comme chose certaine
Que, pour le cothurne et la scène,
Dorimond passe Mondory.


Autre.

Ce fils qui méritait un supplice éternel Lui qui fut si longtemps l'horreur de la Castille,
Par ton adoption entre dans ta famille,
Et quoiqu'il y paraisse encore en criminel,
Puisqu'étant Espagnol, toute la cour le loue.
Ne te fâche pas de ce choix,
Don Juan n'est plus tel qu'il parut autrefois :
La fortune l'a mis au plus haut de sa roue,
Et puisqu'il est chéri du plus sage des rois,
Domimond, ne crains pas qu'aucun le désavoue.

Par M. du Perrier.


Sur le même sujet, par la femme de l'auteur, comédienne de Mademoiselle.

Encore que je sois ta femme,
Et que tu me doives ta foi,
Je ne te donne point de blâme
D'avoir fait cet enfant sans moi.
Toutefois ne me crois point buse,
Je connais le sacré vallon ;
Et si tu vas trop voir la Muse,
J'irai caresser Apollon.


A l'auteur de la tragi-comédie du Festin de Pierre représentant Don Juan.

Si le plus criminel d'entre tous les mortels,
Empruntant ta figure, a pour nous mille charmes,
Et si, puni du Ciel, il mérite nos larmes,
Dorimond, tous nos cœurs te doivent des autels ;
Rendant à ton esprit ce que d'eux il exige,
Tout méchant qu'il paraît, son trépas nous afflige,
Te voyant abîmé, chacun a de l'effroi.
Toutefois, si c'est ton envie
De nous faire abhorrer sa détestable vie,
Fait jouer Don Juan à quelque autre que toi.

Par M. Scipion du Pille

A Lyon, chez Antoine Offray, Au Change. 1659, n.p. 


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