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[s. d.]

[Anonyme], Recueil Tralage

De deux chanteuses de l'opéra enceintes

Ces deux anecdotes sur des stars de l'opéra font état de réactions du public :

[Mlle Louyson] s'avisa enfin de faire prier Mlle Certain, qui avait beaucoup de pouvoir sur M. Lully, qui était sa bonne amie et chez laquelle même il faisait quelquefois des répétitions de certains endroits de ses opéras. Il ne put résister à la prière de sa maîtresse, et Louyson rentra. Lorsqu'elle parut pour la première fois après plus de sept à huit mois d'absence, il se fit un brouhaha dans toute la salle, qui marquait la joie que l'on avait de revoir une des plus belles voix et des meilleures actrices de l'Opéra.

L'avis que Marguerite Aubry avait donné était bon, mais on doit de ce que ce fût elle qui l'eût donné, puisque l'on savait bien qu'elle ne valait pas mieux que Louyson, mais elle a été plus heureuse qu'elle : elle a toujours paru à l'Opéra, dont elle n'est sortie que parce qu'elle était devenue trop grosse et toute ronde, ce qui fait un méchant effet sur le théâtre. Elle a été quatorze ou quinze ans à l'Opéra, où elle a toujours joué son rôle régulièrement. Il n'y eut que pendant quinze jours qu'elle se brouilla avec M. Lully pour quelque bagatelle. Elle a encore la voix belle, claire, argentine et nette. Elle était bonne actrice et avait toujours les premiers rôles. Elle a encore cinq-cents livres de pension de l'Opéra. Il n'y avait qu'elle qui eût du geste et de l'action, les autres, pour la plupart, étaient comme des termes qui chantaient.

Édition disponible sur Openlibrary, p. 87-88.


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