1635

Jean Rotrou, La Diane

Paris: F. Targa, 1635

Les chiffres du succès

Rotrou, dans cette dédicace au comte de Fiesque, se montre confiant : la qualité et le nombre de ses approbateurs, et l'envie qu'ils ont eu d'assister à plusieurs reprises à la représentation, sont garants de la réussite de sa pièce, même à la lecture:

Il est de la plupart de ces pièces de théâtre comme de ces femmes qui ne possédant pas une parfaite beauté, surprennent toutefois par un faux éclat. Et ne se laissant pas longtemps considérer, s'acquièrent une estime qu'elles perdent enfin quand on a remarqué de plus près leurs grâces et leurs défauts, telle nous charme dans la rue qui nous déplaît dans son cabinet, et beaucoup dérobent à la cour des cœurs qu'elles rendent à la maison. Il est ainsi de quantité de comédies à qui l'impression ôte le lustre que le théâtre leur avait donné. Diane n'est pas de ce nombre, et j'ose espérer que la vue qu'on aura de sa beauté naturelle fera mépriser cette fausse apparence qu'on lui désirait en la scène. Vous savez par quels et combien d'esprits elle a été considérée chez ce grand homme, à qui vous avez justement donné tant de louanges, et voué tant d'amitié. Il vous souvient de l'approbation qu'elle y reçut et pas un de ces divins esprits qui la voulurent entendre jusques à trois fois n'en fît un jugement contraire au vôtre qui fut toujours en sa faveur. Après cette satisfaction que j'en ai reçue, je crains fort peu le goût du peuple, et quand vous seuls l'auriez approuvée, Caton m'est plus que le peuple romain.

Préface en ligne sur Gallica n.p. 12


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