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1691

Jean Donneau de Visé, Le Mercure galant

Paris, Luyne - Girard- Guérout, 1691.

Le jugement de la majorité

À l'occasion de la promotion de sa pièce de L'Aventurier, Donneau de Visé se fend d'une réflexion générale sur la multitude des goûts chez les spectateurs, et, en même temps, la force de la majorité :

Je suis même persuadé qu’on ne peut faire d’ouvrages qui soient applaudis généralement. Chacun de ceux qui paraissent, étant faits selon le genre particulier de son auteur, ne peut être que d’un goût, et rien n’est plus différent que les goûts d’une nombreuse assemblée. Ainsi ceux dont les ouvrages ont un grand succès ne doivent pas croire pour cela qu’ils aient une approbation générale. Cependant ils ont gain de cause, parce que la pluralité des voix l’emporte dans les tribunaux du public, comme dans ceux de la justice, où lorsque cette pluralité de voix se rencontre, les juges sont obligés de signer un arrêt, quoiqu’ils aient été d’un sentiment opposé ; ou si vous voulez, il en est des ouvrages de théâtre comme de l’or qu’on est obligé de peser. S’il fait trébucher d’un grain, il doit avoir cours comme étant de poids. On peut dire la même chose lorsque la pluralité de voix se trouve pour un ouvrage. Il est reçu du public, et passe dans l’empire des lettres comme un ouvrage qui a cours.

Périodique disponible sur Gallica, p. 297-299.

Extrait signalé par Sara Harvey.


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