Par support > Romans, nouvelles > Le Page disgracié

 

1643

Tristan L'Hermite, Le Page disgracié

Paris, Quinet, 1643

Le page sans son maître à la comédie

D'habitude, lorsqu'il est menacé, le page se réfugie chez les comédiens qui le défendent auprès de son maître. Cette fois-ci, pourtant, les choses se passent différemment, parce que le maître ne vient pas à la comédie :

J’avais fait grande chère avec les comédiens et nous étions encore à table où les uns continuaient de boire des santés et les autres s’amusaient à faire des contes pour rire, lorsqu’un des domestiques du théâtre les vint avertir qu’on les demandait au Palais. En même temps ils résolurent la pièce qu’ils devaient jouer et la façon dont ils m’amèneraient ;ce fut au fond d’une portière d’un de leurs carrosses. Et dès que nous mîmes pied à terre nous rencontrâmes sur l’escalier par où nous montions un des plus grands princes de la terre. Deux ou trois de mes amis qu’on avertit sur le champ de ma désolation lui parlèrent en ma faveur et pour donner poids à leurs persuasions, je me jetai soudain à ses pieds le visage couvert de larmes. Ce grand prince eût pitié de ma douleur et de ma crainte et se retourna pour voir si mon maître ne se trouverait point à sa suite […] mais par malheur pour moi, mon maître ne se trouva point et ne vint point à la comédie à cause de quelque petite indisposition.

Edition de 1667 disponible sur Gallica.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »