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1644

Jean-Louis Guez de Balzac, Lettre à M. Chapelain

Protestations d'amitié

Dans une lettre datée du 3 octobre 1644, Balzac recourt à des références théâtrales pour réaffirmer son estime pour Chapelain :

Monsieur,
Un temps fut que mes emportements vous plaisaient, et que mes fougues vous semblaient belles. C’est ce qui me donnait courage de jouer quelquefois la folie d’Amynthe en votre présence, et de vous donner dans une lettre le divertissement de la comédie. Mais, puisque vous avez changé de goût, il faut que je change de procédé. Je serai aussi composé, aussi doucereux, aussi fade qu’un courtisan de Henri troisième, ou de sa sœur la Reine Marguerite. Je serai tout sucre, tout miel, voire tout citrouille, si vous le voulez, sans oser demander à Dive Satire un seul grain de son sel ni de son poivre pour m’assaisonner. L’importance est, Monsieur, que vous avez peur que j’aie appelé d’autres spectateurs que vous à la représentation d’une pièce que vous croyez dangereuse pour moi ; et cette peur est fondée sur la prière que je vous ai faite d’en faire part à M. Silhon. Je m’assure que sans cela vous m’eussiez abandonné votre chère et bien aimée philosophie ; et vous ne l’avez défendue si agréablement et si fortement contre mes impatiences dans la douleur, que pour venir à mon ressentiment contre l’injustice du Minotaure. Sachez premièrement, Monsieur, que vous être l’unique témoin, non seulement de ce qui se passe dans mon cœur, mais aussi de ce que je tire de mon cœur pour le mettre sur le papier et vous le communiquer par la voie de l’écriture.

Lettre en ligne sur Gallica, p. 187-188.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »