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1694

Jean-Laurent Le Cerf de la Viéville, Comparaison de la musique italienne et de la musique française

Bruxelles : F. Foppens, 1704

Éloge de La Rochois

Dans la « Seconde lettre, à Mme D… ", Le Cerf évoque le souvenir de son émotion de spectateur lors d'une représentation d'Armide :

Pour moi, je crois avoir vu une représentation d’Armide qui me donne droit de mettre cette pièce au-dessus de tout ce que tant de siècles ont pu produire. Le souvenir de ce soir-là m’est toujours demeuré, et je le garde avec délices. Il a souvent diminué le plaisir que j’aurais pris à l’opéra, mais en récompense, il me consolera de n’y aller plus, en cas que j’y renonce, comme quelques amis sévères, dont j’aurai peine à me défendre, tâchent de m’y contraindre. La Rochois, après avoir été cinq ou six ans hors du théâtre, ayant trouvé que la voix lui était revenue, voulut s’y remontrer. […] Quand je me représente La Rochois, cette petite femme qui n’était plus jeune, coiffée en cheveux noirs, et armée d’une canne noire avec un ruban couleur de feu, s’agiter sur ce grand théâtre qu’elle remplissait presque toute seule, et tirant de temps en temps de sa poitrine des éclats de voix merveilleux, je vous assure que je frissonne encore, et comme je n’ai jamais été ému si vivement que je le fus alors, quoique j’aie été quatre ou cinq cents fois à l’opéra, je ne manque point de revenir à Armide, dès que je veux penser à une pièce de musique souverainement belle.

Extrait signalé par L. Naudeix
Bruxelles, François Foppens, 1704, p. 11-12


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