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Père Hercule, Lettres à Philandre

Lettres à Philandre, G. Couton et Y. Giraud, Éditions universitaires de Fribourg, 1975.

Longue critique du Jésus-Christ de Grotius

Comme dans d'autres de ses lettres à Antoine Godeau, le père Hércule fait la critique d'une pièce destinée au seul papier, une tragédie de Grotius sur Jésus-Christ. C'est le regard du spectateur qui poind :

Ce qui m’agrée le plus dans ses poésies, c’est la tragédie de Jésus-Christ souffrant. Le sujet en est d’autant plus dangereux qu’il est plus auguste, et c’est une espèce de miracle que de réussir en des matières qui sont et communes et extraordinaires tout ensemble. Je sais ce qu’en ont dit les philosophes de deux ou trois sectes et ce qu’en ont prononcé les vénérables Pères Conscrits de trois ou quatre universités. Mais je suis du parti de ceux qui l’approuvent et dis avec Dominicus Baudius, Gerardus Vossius et Daniel Heinsius, tous trois jurés du métier et fameux buveurs de la bière Hypocrène,

Ingens cothurni decor ! et scenae decus !
Qui Syrma voce regia sacrum trahis
Ignosce fasso

Jésus Christ paraît le premier et dit de beaux vers qui me font croire que cet auteur n’avait dessein de faire paraître cette pièce que sur le papier, et c’est ce qui m’en plaît. Écoutez comme il fait parler ce personnage, après un long et magnifique discours au Père éternel.

Certum per orbem cognitius miraculis
Patrem probavi ; livor adversus furit,
Et ipsa virtus perjus Herode nocet
Pater, quid istud ? semper agnoscor tuus
Semper recusor

Voulez-vous ouïr Saint Pierre en colère contre soi-même ?

*Scelerate turba, vulneranti parcitis ?
Trahitis medentem ? Tu quid omnes per reos
Te, Petre, differs ? etc…

Pilate et Caïphe représentent deux fourbes, et deux politiques, qui ont fait faire de pernicieuses applications et jugements pis que téméraires sur le gouvernement présent des Espagnols. Écoutez Judas tout seul

[citation]

Le choeur y dit des choses excellentes, et le message aussi. Joseph d’Arimathée et Nicodême font de belles plaintes. Saint Jean et la Vierge y parlent bien selon leur condition. La Vierge, après une longue lamentation, s’écrie ainsi,

[citation]

Et puis après, Saint Jean répondant à la Vierge qui se plaignait des disciples :

[citation]

C’est bien assez d’une matière si sérieuse, faites-en le jugement, sans que je m’en mêle.

Lettres à Philandre, G. Couton et Y. Giraud, Éditions universitaires de Fribourg, 1975, p. 49-51.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »