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1599

Thomas Platter, Description de Paris

Mémoires de la société de l'histoire de Paris et d'Île de France, Nogent-le-Rotrou : Impr. de Daupeley-Gouverneur, 1896.

Valeran et ses spectacles comiques tirés de l'actualité

Dans ce récit de voyage du médecin suisse Thomas Platter, on lit cette description des spectacles de l'Hôtel de Bourgogne au tout début du XVIIe siècle :

À l’Hôtel de Bourgogne, il y a un comédien nommé Valeran, engagé par le roi. Il joue tous les jours, après le repas, une comédie en vers français et débite ensuite une farce sur ce qui peut être arrivé de drôle à Paris soit en fait d’amourettes ou d’autres anecdotes du même genre. Il fait si bien ce récit, en vers sans rimes ou en prose et en l’émaillant de plaisanteries tellement bouffonnes qu’on ne peut presque pas se retenir de rire, surtout si l’on connaît l’histoire ou les personnes qui y jouent un rôle. Les représentations ont lieu dans une grande salle, sur une estrade tendue de tapisserie ; les gens du peuple ne paient que moitié prix, à condition de rester debout. Mais les spectateurs payant place entière peuvent monter dans les galeries, où ils peuvent s’asseoir, se tenir debout ou s’appuyer sur une rampe, de façon à voir beaucoup mieux. C’est là où les dames ont l’habitude d’aller. 

Mémoires de la société de l'histoire de Paris et d'Île de France , Nogent-le-Rotrou : Impr. de Daupeley-Gouverneur, 1896, p. 33-34.

Une autre version du même passage se trouve dans Thomas Platter, Beschreibung der Reisen durch Frankreich, Spanien, England und die Niederlande, 1595-1600, t. II, Bâle, Schwabe, 1968, p. 585-586, extrait traduit et cité par François Rémond, Les Héros de la farce, Champion, 2023. p. 65 :

À l'Hôtel de Bourgogne se trouve le chef des comédiens du roi, nommé Valleran. Il joue tous les jours après le repas une plaisante comédie en vers français, et, à la fin de celle-ci, une farce facétieuse sur ce qui peut être arrivé à Paris ou ailleurs en fait d'intrigues amoureuses, de maquerellage ou d'autres anecdotes incongrues du même genre. Il la mène si bien, avec plusieurs autres personnes, s'exprimant non en vers mais en prose, et en l'entrelardant de plaisanteries si comiques, qu'on ne peut presque pas se retenir de rire à gorge déployée, surtout si l'on connaît l'aventure et les personnes à qui elle est arrivée. Car tout ce qui se passe d'extraordinaire à Paris, aussitôt divulgué, est transmis à Valleran, qui en fait une saynète. Une grande foule de peuple accourt alors pour entendre cette farce une fois la comédie terminée. Il est en outre fort habile à introduire toutes sortes d'additions dans sa comédie.



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