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ca. 1675

Cardinal de Retz, Mémoires

Amsterdam, Cusson, 1717

Monsieur ridiculisé en Scaramouche.

Dans ce passage tiré de la seconde partie des Mémoires et daté d'octobre 1652, Retz compare un échange qu'il a avec Monsieur, frère du roi, à une scène type de la Comédie Italienne :

« Je ferai demain la guerre, reprit Monsieur d’un ton guerrier, et plus facilement que jamais. Demandez-le à M. le cardinal de Retz. » Il croyait que je lui allais disputer cette thèse. Je m’aperçus qu’il le voulait, pour pouvoir dire après qu’il aurait fait des merveilles, si on ne l’avait retenu. Je ne lui en donnai pas lieu, car je lui répondis froidement et sans m’échauffer « Sans doute, monsieur.
— Le peuple n’est-il pas toujours à moi ? reprit Monsieur.
— Oui, lui repartis-je.
— M. le prince ne reviendra-t-il pas, si je le mande ? ajouta-t-il.
— Je le crois, monsieur, lui dis-je.
— L’armée d’Espagne ne s’avancera-t-elle pas si je le veux ?
— Toutes les apparences y sont, lui répliquai-je. »

Vous attendez après cela, ou une grande résolution, ou du moins une grande délibération : rien moins ; je ne vous saurais, dit-il, mieux expliquer l’issue de cette conférence qu’en vous suppliant de vous ressouvenir de ce que vous avez vu quelquefois à la comédie italienne. La comparaison est beaucoup irrespectueuse, et je ne prendrais pas la liberté de la faire si elle était de mon invention ; ce fut Madame elle-même à qui elle vint dans l’esprit, aussitôt que Monsieur fut sorti du cabinet, et elle la fit moitié en riant, moitié en pleurant. Il me semble, me dit-elle, que je vois Trivelin qui dit à Scaramouche : “Que je t'aurais dit de belles choses, si tu n'avais pas eu assez d'esprit pour ne me pas contredire !"

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