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1675

[Anonyme], Remarques sur les Iphigénie de M. Racine et de M. Coras

Fonds Rondel, Rf 4 737 (Arsenal)

Eblouir les yeux n'est pas satisfaire la raison

L’auteur anonyme des Remarques, sous couvert d’une réflexion théorique sur l’importance de la vraisemblance porte une première attaque de taille à la tragédie d'Iphigénie de Racine.

Tout le monde demeure d’accord que pour rendre une action digne du théâtre, il faut la rendre vraisemblable ; qu’il ne suffit pas qu’elle soit pleine de vérité, qu’il faut que la vraisemblance y règne partout ; et qu’un auteur ne fait pas tout ce qu’il doit, quand il nous peint les événements tels qu’ils sont arrivés, mais qu’il est obligé indispensablement de les faire voir de la manière qu’ils ont dû être. C’est de ce grand principe que toutes les maximes de cet art ont été tirées. Les ouvrages formés sur ce modèle ont l’approbation de tous les siècles, et ceux qui s’en écartent peuvent éblouir les yeux ; mais ils ne satisfont pas la raison : semblables à ces édifices qu’un architecte imprudent élève sur un terrain mal assuré, et qui sont menacés à toute heure d’une ruine inévitable. Le théâtre souffre les sujets que la fable fournit, lorsqu’ils sont rendus vraisemblables.

Racine, Œuvres complètes, I, Paris,Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 1999, p. 795


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