Par support > Traités, épîtres, pamphlets, défenses, … > Réflexions sur la poétique d’Aristote et sur les ouvrages des poètes anciens et modernes

 

1674

René Rapin, Réflexions sur la poétique d’Aristote et sur les ouvrages des poètes anciens et modernes

Paris : F. Muguet, 1674

La femme, arbitre suprême des divertissements théâtraux

Dans ses Réflexions théoriques sur le théâtre, Rapin souligne la prédilection des poètes français pour les sentiments doux et tendres ; il en attribue la responsabilité au rôle central joué par les femmes au sein du public.

Les Anglais nos voisins aiment le sang, dans leurs jeux, par la qualité de leur tempérament : ce sont des insulaires, séparés du reste des hommes. Nous sommes plus humains, la galanterie est davantage selon nos mœurs ; et nos poètes ont cru ne pouvoir plaire sur le théâtre que par des sentiments doux et tendres. En quoi ils ont peut-être eu quelque sorte de raison. Car en effet les passions qu’on représente deviennent fades et de nul goût, si elles ne sont fondées sur des sentiments conformes à ceux du spectateur. C’est ce qui oblige nos poètes à privilégier si fort la galanterie sur le théâtre et à tourner tous leurs sujets sur des tendresses outrées, pour plaire davantage aux femmes, qui se sont érigées en arbitre de ces divertissements, et qui ont usurpé le droit d’en décider.

Ouvrage disponible sur Gallica, p. 183-184.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »