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1671

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Chenault, 1671.

Tragédie de collège

Chose moins courante que chez Loret, Robinet rend compte d'un tragédie donnée au collège de Clermont dans sa lettre du 8 août 1671 :

À propos, encor, de trépas,
En cet endroit, n’oublions pas,
De marquer que la tragédie,
Où Balthazar perdit la vie,
Fut un spectacle, mercredi,
Dont maint, et maint fut ébaudi,
Qui, là, d’entrer, eut privilège,
Savoir au célèbre collège
Que l’on appelle de Clermont :
Où pareils spectacles se font,
Pour y rendre plus solennelle
La distribution annuelle
Des prix établis par le roi ;
Non pas, non, de je ne sais quoi,
Mais de volumes d’importance,
Où brille sa magnificence,
En faveur des grands studieux,
Pour qui sont ces prix glorieux.
Or, la susdite tragédie,
Qui fut, à merveille, applaudie,
De tous ceux du pays latin,
Ce que je dis est très certain,
Était d’un grand ballet des songes,
Qui ne sont pas, toujours, mensonges,
Accompagnée, avec éclat,
Si bien qu’on n’y vit rien de plat.
Beauchamp rempli d’intelligence,
Comme l’on sait, pour la belle danse,
Avait pris soin de ce ballet,
Demi-sérieux, et follet,
Et les Pères, de tout le reste ;
Sur quoi, fort sûrement, j’atteste,
Et plusieurs, aussi, me l’ont dit,
Que rien de commun ne s’y fit,
Que c’étaient toutes merveilles
Pour les yeux, et pour les oreilles,
Quoi que le beau sexe enchanteur,
Qui plaît le plus au spectateur,
Et qui fait qu’on est Idolâtre,
La plupart du temps, du théâtre,
N’agisse ni peu, ni prou là,
Dedans ces beaux spectacles-là.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »