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1713

[Anonyme], Publication de la paix d’Utrecht. Fêtes données à cette occasion dans la ville de Rouen d'Utrecht

Le flambeau astronomique ou calendrier royal (Rouen : Ph. P. Cabut, 1715)

Bal reporté et pétards mouillés

La fête organisée à Rouen en honneur de la Paix d’Utrecht en 1713 était censée se terminer par un feu d’artifice et un bal ; mais les conditions météorologiques obligent à différer d’un jour et mouillent les pétards, sans pour autant parvenir à endiguer davantage les divertissements nocturnes.

Comme tout se disposait pour le bal et pour faire jouer le feu d’artifice devant le château sur le bord de l’eau, une pluie survint qui empêcha l’effet du feu et des autres divertissements, le plaisir en fut différé le jour de S. Jean suivant : ce même jour le temps se trouvant favorable, on disposa toutes choses pour l’accomplissement du plaisir. Monseigneur le Duc de Luxembourg donna encore ce soir à souper, les illuminations recommencèrent, le feu d’artifice se tira, qui ne fit pas l’effet que l’on s’était promis, à cause que les artifices avaient été mouillés. Le bal se donna dans les allées du château, où les dames furent servies de diverses liqueurs et de confitures ; il se tira du château un très grand nombre de fusées volantes, ainsi que d’un vaisseau sur la rivière des plus artificieux, tous les bâtiments du port ce jour-là arborèrent leurs pavillons et banderoles, remplirent leurs mats et perroquets d’illuminations, et les principales places de leurs navires, tant les français, anglais, hollandais que hambourgeois. Le combat naval redoubla, cent petits bateaux plats remplis de lumières et de concerts en firent le plaisir, sur tout celui de messieurs de Ville illuminé d’une manière des plus agréables, d’où sortit aussi un très grand nombre de fusées volantes, qui se joignant à ceux du château, faisaient ensemble un mélange qui récréait les spectateurs qui y étaient en foule ; tous ces divertissements furent suivis toute la nuit de décharges de canons, fanfares de trompettes, tambours, hautbois et d’un cri continuel de vive le roi. Deux jours suivants on chanta en plusieurs églises des messes solennelles en musique et des Te Deum en action de grâce de la paix. Il y eut un bal chez monseigneur l’intendant, devant l’hôtel duquel fut placé les décorations qui avaient été mises devant l’Hôtel du Ville, accompagnées d’un grand nombre d’illuminations ; plusieurs personnes de qualité firent de grandes charités aux pauvres ; en sorte que l’on peut dire qu’il y a peu de villes en France qui aient surpassé celle de Rouen.

Relation disponible dans des miscellanées publiées à Rouen en1877, Miscellanées. Pièces historiques etlittéraires recueillies et publiées par plusieurs bibliophiles</i>. N° 13. -Société des bibliophiles normands. T. XXX, p. 8-9.


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