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1674

Charles Perrault, Critique de l’Opéra ou examen de la tragédie intitulée Alceste, ou le Triomphe d’Alcide

Paris : C. Barbin, 1674

Euripide ridicule ?

Dans l’examen de la pièce Alceste de Lully et Quinault, Cléon défend auprès d’Aristippe la qualité de la représentation à laquelle il vient d’assister. Spectateur « savant », sa position est d’autant plus à prendre au sérieux qu’il a étudié à fond les sources, et notamment l’Alceste d’Euripide. Lully et Quinault ont eu bien raison de s’en écarter à certains endroits.

Il aurait été aussi difficile que les spectateurs n’eussent éclaté de rire ; mais d’un rire scandaleux, et qui eut fait rougir les dames sur l’endroit du récit de la suivante, où elle remarque que sa maîtresse dit adieu à la lumière, à la vie, à ses enfants, sans jeter une seule larme, et sans qu’il paraisse aucune altération sur son visage. Mais qu’à la vue du lit nuptial sur lequel elle se jette, et au souvenir de sa virginité qu’elle y a perdue, elle verse un torrent de pleurs et donne toutes les marques d’une extrême douleur. De sorte que si l’on regrette ce récit, ce ne peut être que parce qu’on est fâché d’avoir perdu une occasion de rire que notre auteur a bien fait d’éviter : outre que des récits de cette nature ne s’accommodent pas au chant qui le rendrait très languissant et très ennuyeux.

Relation disponible sur Gallica, p. 33-34.


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