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1674

Charles Perrault, Critique de l’Opéra ou examen de la tragédie intitulée Alceste, ou le Triomphe d’Alcide

Paris : C. Barbin, 1674

Petites chansons inoubliables

Dans l’échange entre Cléon et Aristippe qui structure la Critique de l’Alceste par Perrault, le premier défend vigoureusement la pièce ; le fait que tout Paris connaisse par cœur des refrains de la comédie en musique est bien la preuve d’un succès incontestable à ses yeux.

Aristippe
Je n’ai rien à reprendre aux belles choses que vous dites, je les crois très bonnes ; mais je suis bien trompé si les petites chansons qui s’y disent ne sont très mauvaises.

Cléon
Serait-ce à cause qu’elles ne valent rien, que tout le monde les sait par cœur et les chante de tous côtés. Vous en croirez ce qu’il vous plaira ; mais je ne tiens rien de plus impossible que de faire chanter à tout Paris une chanson qui ne vaut rien. Est-ce que celle qui a pour refrain si l’amour a des tourments, c’est faute des amants. Celle où il y a l’amour tranquille s’endort aisément, et cinq ou six autres de cette force, vous déplaisent. Je serais bien fâché de n’y prendre pas plaisir ; et bien loin que j’aie du dégoût pour ces petites chansons, qui étant séparées de la pièce, ont un sens parfait et à l’usage de beaucoup de personnes, et qui concourent néanmoins à composer le corps de l’ouvrage, je les regarde comme des pierreries qui toutes séparément sont précieuses, et qui ne laissent pas d’entrer en la composition d’une couronne ou de quelque autre ouvrage de grand prix.

Relation disponible sur Gallica, p. 50-52.


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