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1681

[Anonyme], Mémoires touchant le mariage de Charles II, roi d'Espagne, avec la princesse Marie-Louise d'Orléans

Paris : C. Barbin, 1681

Une reine française à Madrid

Les mémoires du mariage entre le roi d’Espagne et la princesse Marie-Louise d’Orléans se terminent par l’arrivée de la nouvelle reine à Madrid, après un long voyage. La relation n’hésite pas à décrire minutieusement le parcours emprunté sous les yeux émerveillés de la population espagnole.

Le cardinal Portocarrero la reçut à la porte de l’église, et l’on chanta le Te Deum, après quoi la reine remonta à cheval ; et quand elle entra dans la grande place, deux chars de triomphe remplis de musiciens se mirent à ses côtés, et l’accompagnèrent en chantant des motets à sa louange, jusqu’à ce qu’elle fut arrivée à la porte du Palais, où elle fut reçu par le roi, qui la mena dans l’appartement qu’il lui avait fait préparer. On fit le soir des feux de joie dans toutes les rues, et toutes les maisons furent éclairées. Le lendemain il y eut Chapelle au Palais, la jeune reine y assista dans la tribune, les ambassadeurs et les Grands d’Espagne s’y trouvèrent, selon la coutume ; on y chanta le Te Deum, et l’après-diner le roi et la reine sortirent ensemble en public pour la première fois. Ils étaient dans un chariot magnifique ouvert de tous côtés, pour se faire voir au peuple. Ils traversèrent la grande Place du Palais, et passèrent par toutes les rues par où la reine avait passé le jour précédent : tous les Arcs de triomphe étaient encore en état, et les rues étaient tapissées ; ils étaient suivis de tous les Grands, qui avaient accompagné la Reine à son entrée, et de tous ceux qui n’avaient pu s’y trouver, parce qu’ils étaient avec le roi et la reine-mère. Ils avaient tous ce jour-là des carrosses magnifiques, et étaient suivis chacun d’un grand nombre de gens de livrées fort riches. Le roi et la reine allèrent à l’église de Notre-Dame d’Atocha, où l’on chanta le Te Deum ; et s’en retournèrent au Palais par la rue d’Atocha. Et parce qu’il était déjà nuit, on alluma à leur passage, à toutes les fenêtres, des flambeaux de cire blanche. La grande Place du Palais était éclairée par plus de deux mille flambeaux ; et quand le roi et la reine y furent arrivés, on tira un fort beau feu d’artifice, qu’on avait préparé au milieu de la Place, après quoi il retournèrent au Palais.

       

Mémoires disponibles à la Bibliothèque Nationale de France (côte : 8-LB37-3733), p. 176-179.


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