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1670

Noël le Breton sieur de Hauteroche, Crispin médecin

Paris, Barbin, 1670

Les applaudissements de la dédicataire

Le préfacier feint d’être partagé entre une envie irrésistible de prouver son zèle à la dédicataire et une trop grande timidité, pour saisir l’occasion de rappeler que celle-ci a applaudi non seulement à cette comédie, mais également aux deux autres qui l’ont précédée.

A Madame Le Camus,

Je ne saurais plus m’en empêcher, il faut que j’en passe mon envie, c'est-à-dire, Madame, qu’il faut que je vous dédie le Crispin médecin. L’estime que vous fîtes de L’Amant qui ne flatte point lorsque j’eus le bien de vous en faire la lecture, et les applaudissements que vous lui donnâtes quand vous le vîtes sur le théâtre, m’avaient inspiré la pensée de vous le présenter. Mais, à vous parler franchement, je n’osai jamais l’entreprendre. Il ne fut pas en mon pouvoir de vaincre une timidité respectueuse, qui malgré moi s’opposait à l’exécution de mon dessein ; et je me trouvai contraint de me taire, dans le temps que j’avais le plus grand désir du monde de vous faire un remerciement public. La même chose m’est encore arrivée au Souper mal apprêté : vous avez eu beau l’applaudir en toutes les manières, je n’ai pas eu plus de hardiesse pour cela. Mais à ce coup j’ai franchi le pas, et je me suis mis en tête que mon silence passerait pour une ingratitude affectée. Recevez donc, Madame, le Crispin médecin, ou plutôt en lui seul recevez toutes ces trois comédies ensemble, puisqu’elles vous étaient destinées. […] [ sur les vertus thérapeutiques du divertissement] Je vous avoue que, quand il [le médecin de la pièce] se persuade qu’il a eu le bonheur de vous plaire et qu’il s’imagine que, par ses falotes ordonnances, il vous a quelque fois divertie, il ne voudrait pas changer sa condition à celle de tous les autres médecins. Si je l’accuse d’un peu trop de vanité, il tranche de l’habile homme et me dit que tout ce qui réjouit est profitable à la santé, et qu’ayant eu l’avantage de vous avoir réjouie, il a contribué quelque chose à la conservation de la vôtre.

Hauteroche, Crispin médecin, Paris, Barbin, 1670, NP2


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