Cependant, le jour du mariage de Messieurs d’Alençon et de Montmorency, avec Mesdemoiselles d’Angoulême et de Savoie arriva. Toute la Cour et surtout les dames y parurent dans un ajustement et une magnificence à charmer. Il y eut bal chez Madame d’Alençon la nouvelle épouse. Le roi, après avoir dansé avec elle, prit madame de Châteaubriant, qui dans la crainte qu’on ne s’aperçut de sa passion, affecta un sérieux et une froideur capables de le déconcerter. Elle prit ensuite le comte de Tende, frère de Madame de Montmorency et fils du bâtard de Savoie. C’était un jeune seigneur, qui se faisait distinguer par je ne sais quel air et quelle grâce que la nature seule peut donner, et qui ne s’acquiert point par l’art. Il dansait avec une propreté et une justesse admirable, et ne brillait pas moins dans la conversation. Madame de Châteaubriand libre de la contrainte qu’elle s’était imposée, fit paraître une adresse et une vivacité qui attiraient sur elle les yeux de toute l’assemblée. Le comte de Tende la remercia d’une manière si galante et si enjouée, qu’elle ne put s’empêcher de lui sourire en la quittant. C’en était déjà assez pour augmenter les soupçons du roi, et les faire tomber sur lui. Mais le malheur voulut encore que le jeune comte, après avoir dansé, s’approcha de Madame de Châteaubriant et qu’il lui parla tout bas assez longtemps.