Par support > Romans, nouvelles > Mémoires de la vie de mademoiselle Delfosses ou le chevalier Baltazard

 

1695

Eustache Le Noble, Mémoires de la vie de mademoiselle Delfosses ou le chevalier Baltazard

Paris : C. Barbin, 1695

Une île flottante au Danemark

Mademoiselle Delfosses, qui a fui son père et sa famille toute jeune en se déguisant en page et en prenant le nom de Chevalier Baltazar, raconte dans ses mémoires une grande fête organisée en l’honneur des majestés danoises à Copenhague.

Toutes ces tables furent servies avec profusion, et la bonne chère fut accompagnée de concerts et divertissements. Ces cabinets avaient des fenêtres qui répondaient sur une grande rue. À l’issue du repas nous vîmes par ces ouvertures une île flottante, qui s’arrêta devant leurs Majestés danoises pour leur donner le divertissement d’un ballet, qui y fut dansé à la clarté de plusieurs flambeaux. À peine le ballet fut il achevé, qu’on vit l’île environnée de trois galères remplies d’artifices, qui lui donnèrent moyen de se retirer sans qu’on s’en aperçût, pendant qu’on était occupé à voir les fusées. Pendant qu’elles faisaient leur effet de ce côté-là, on mit le feu à vingt-deux pyramides remplies d’artifices placées le long de la plus haute terrasse entre les jets d’eau, ce qui obligea la compagnie à tourner la vue de ce côté-là. Après cela leurs Majestés danoises furent conduites au bruit des trompettes et des timbales, dans une grande salle entourée de miroirs et fort bien éclairée, où l’on commença le bal. Après qu’on eut dansé quelque temps, on vit entrer deux troupes de masques qu’on distinguait par des écharpes qu’ils avaient sur leurs têtes, dont les unes étaient de moere couleur de feu avec des dentelles d’argent ; et les autres de moere blanche avec des dentelles d’or : c’étaient les principales dames de la Cour, qui s’étaient déguisées ainsi, et qui se mêlèrent avec le reste de la compagnie. Le divertissement finit par une superbe collation, accompagnée de toutes sortes de liqueurs.

       Roman consultable sur Google Books, p. 36-38.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »