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1714

[Anonyme], Le gage touché. Histoires galantes et comiques

La Haye : Adrian Moetiens, 1714

Vêtu comme un berger de théâtre

Une agréable compagnie d’amis décide, pour vaincre l’ennui lors d’une soirée de jeux, que chacun d’entre eux raconte une histoire personnelle aux autres. Mademoiselle de Ch… raconte une histoire de sa jeunesse et de celle de sa sœur, pendant laquelle des hommes s’étaient battus pour elles par amour. A la suite du duel, le père les emmène à la campagne.

Mon père ayant appris que c’était pour l’amour de nous qu’ils s’étaient battus, nous mena à D… qui est une belle maison que nous avons proche de Tours : nous y arrivâmes d’assez bonne heure. Comme j’aime naturellement la campagne, je fus d’abord au jardin pour profiter de la beauté du jour qui était encore grand ; je vis en entrant un garçon jardinier habillé à peu près comme on nous représente Céladon dans l’Astrée. Il avait un habit de toile blanche, du linge très fin, un chapeau de paille retroussé d’un bouquet de fleurs, des bas de soie verte, et des souliers de mouton attachés avec des rubans de couleur de rose. J’abordai le maître et lui dis : bonjour Maître Simon, comment vous portez-vous ? Pour vous servir, Mademoiselle. Je lui demandai ensuite qui était celui que je voyais vêtu comme un berger de théâtre. Il me répondit : Pargué, mademoiselle, c’est un garçon que j’ai pris depuis peu. Il est si délicat, qu’il a voulu mettre dans son marché qu’il ne se louait à moi, qu’à condition qu’il ne travaillerait point à la terre ; mais je ne m’accommode pas de cela, je ne le garderai pas longtemps, il fait trop le monsieur, comment diantre !

       

Roman disponible sur Google Books, p. 94-95.


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