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1702

Jean-Baptiste Morvan de Bellegarde, Lettres curieuses de littérature et de morale

Paris : J. et M. Guignard, 1702.

Sur les reconnaissances au théâtre

Les reconnaissances sont jugées positivement par Bellegarde qui en propose deux types. Voici deux passages de la lettre traitant du même thème.

Reconnaissance est un changement subit par lequel les principaux personnages venant à se reconnaître conçoivent de la haine ou de l’amitié et en deviennent plus heureux ou plus malheureux. Rien n’est si beau dans la tragédie qu’un changement de fortune qui arrive sur le champ par la reconnaissance et fait le dénouement de la pièce. La plus belle de toutes les reconnaissances est lorsqu’on est sur le point d’agir sans connaître et que l’on reconnaît avant que d’agir. La seconde est lorsqu’on agit sans connaître et que l’on reconnaît quand on a agi.

La reconnaissance est aussi l’un des plus grands agréments de la tragédie, et qui cause le plus de plaisir, lorsque l’esprit, trompé par l’équivoque d’un nom supposé ou par quelque obscurité embarrassante, vient à lever ce voile ou à développer cet embarras qui lui cachait la vérité. Il faut que le poète place cette reconnaissance à propos, en observant toutes les règles de la vraisemblance.

Extrait de la cinquième lettre, « Sur les pièces de théâtre », disponible sur Gallica, p. 330-331 et p. 360-361.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »