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1670

Le Boulanger de Chalussay, Elomire hypocondre ou les médecins vengés

Paris, Sercy, 1670

Le succès de L'Amour médecin

Elomire raconte aux médecins le succès de sa comédie L'Amour médecin, qui a fait rire toute la cour.

ELOMIRE :
Il est vrai ; sachez donc enfin quel est mon sort :
Mon Amour médecin, cette illustre satire,
Qui plut tant à la cour et qui la fit tant rire,
Ce chef-d’œuvre qui fut le fléau des médecins,
Me fit des ennemis de tous ces assassins,
Et du depuis leur haine, à ma perte obstinée,
A toujours conspiré contre ma destinée.

[Elomire raconte ensuite comment, ayant été malade, il a pu observer de près les médecins qui le soignaient]

Je pris tant de plaisir à voir tous les matins
Mes grotesques docteurs prêcher sur mes bassins,
Et humer à plein nez leur fumante purée,
Que de ma guérison, j’eus la preuve assurée ;
Car ma force redouble et je deviens plus frais
Et plus gros et plus gras que je ne fus jamais.
Lors je monte au théâtre, où par de nouveaux charmes,
Mon Amour médecin fait rire jusqu'aux larmes,
Car en le confrontant à ses originaux,
Je l’avais corrigé jusqu’aux moindre défauts.
Ainsi, d’un nouveau bruit cette merveille éclate ;
Chacun y court en foule épanouir sa rate ;
Et quoique à trente sols, il n’est point de bourgeois
Qui ne le veuille voir, du moins cinq ou six fois.
Jugez, mes chers amis, si je ris dans ma barbe,
De voir ainsi dauber la casse et la rhubarbe ;
Et si, voyant grossir chaque jour mon gousset,
De ce douzain bourgeois, j’ai le cœur satisfait.

in Comédies et Pamphlets sur Molière, G.Mongrédien, Paris, Nizet, 1986, p. 243   
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