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1671

Marquis de Saint-Maurice, Lettres sur la cour de Louis XIV

Paris, Lévy, 1912.

Compte-rendu de la représentation de Psyché

Dans cette lettre du 21 janvier 1671, le marquis de Saint-Maurice, ambassadeur de Savoie à la Cour de France, fait un compte-rendu particulièrement étendu du dernier blockbuster théâtral : Psyché.

J'envoie à Madame Royale, de la part du comte de M. le comte de Saint-Aignan, un des livrets du ballet [Psyché] que l'on danse ici. Elle le verra en attendant que je puisse lui en envoyer un autre. Nous y fûmes conviés avant-hier et nous y demeurâmes cinq heures. J'avoue à Votre Altesse Royale que je n'ai encore rien vu ici de mieux exécuté ni de plus magnifique et ce sont des choses qui ne se peuvent pas faire ailleurs à cause de la quantité des maîtres à danser, y en ayant soixante-dix qui dansent ensemble en la dernière entrée. Ce qui est aussi merveilleux est la quantité de violons, des joueurs d'instruments et des musiciens qui sont plus de trois cents, tous magnifiquement habillés. La salle est superbe, faite exprès ; le théâtre spacieux, merveilleusement bien décoré ; les machines et changements de scènes magnifiques et qui ont bien joué, Vigarani s'étant fait honneur en cette rencontre. Mais pour la dernière scène, c'est bien la chose la plus étonnante qui se puisse voir, car l'on voit tout en un instant paraître plus de trois cents personnes suspendues ou dans des nuages ou dans une gloire, et cela fait la plus belle symphonie du monde, en violons, théorbes, luths, clavecins, hautbois, flûtes trompettes et cymbales. L'on voit bien qu'il a fallu qu'ils se soient réduits maintenant à suivre en ces sortes de choses les sentiments des Italiens.

Correspondance disponible sur Gallica, p. 14-15.


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