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1671

Madame de Sévigné, Lettre à Madame de Grignan

Comédienne, femme, luxure

Dans cette lettre à sa fille datée du 17 avril 1671, Madame de Sévigné évoque les confidences de son fils. La proximité des motifs de débauche, de luxure, de sensualité avec la mention de la comédienne Champmelsé suggère un amalgame fréquent dans l'imaginaire collectif de l'époque.

Il lui semblait toujours de voir autour de lui des panerées de tétons, et quoi encore ? des tétons, des cuisses, des panerées de baisers, des panerées de toutes sortes de choses en telle abondance, qu'il en avait l'imagination frappée et l'a encore, et ne pouvait pas regarder une femme : il était comme les chevaux rebutés d'avoine. Ce mal n'a pas été d'un moment. J'ai pris mon temps pour faire un petit sermon là-dessus : nous avons fait ensemble des réflexions chrétiennes ; il entre dans mes sentiments, et particulièrement pendant que son dégoût dure encore. Il me montra les lettres qu'il a retirées de cette comédienne ; je n'en n'ai jamais vu de si chaudes ni de si passionnées : il pleurait, il mourait. Il croit tout cela quand il écrit, et s'en moque un moment après. Je vous dis qu'il vaut son pesant d'or.

Sévigné, Correspondance, éd. R. Duchêne, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1985, vol. I, p. 226.


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