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1671

Madame de Sévigné, Lettre à Madame de Grignan

Représentations de Tartuffe et d'Andromaque

À Vitré, la Marquise de Sévigné assiste à des représentations théâtrales et en fait part brièvement à sa fille.

M. de Chaulnes me pria instamment d'aller à Vitré. J'y vins donc lundi au soir. Mme de Chaulnes me donna à souper, avec la comédie de Tartuffe, point trop mal jouée, et un bal où le passe-pieds et le menuet me pensèrent faire pleurer. Cela me fait souvenir de vous si vivement que je n'y puis résister : il faut promptement que je me dissipe. On me parle de vous très souvent, et je ne cherche pas longtemps mes réponses, car j'y pense à l'instant même, et je crois toujours que c'est qu'on voit mes pensées au travers de mon corps-de-jupe. Hier je reçus toute la Bretagne à ma Tour de Sévigné. Je fus encore à la comédie : ce fut Andromaque, qui me fit pleurer plus de six larmes ; c'est assez pour une troupe de campagne.

Sévigné, Correspondance, éd. R. Duchêne, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1985, vol. I, p. 319.


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