[s. d.]

Antoine Galland, Menagiana

Paris, Delaulne, 1693

La valeur de Quinault

Une réflexion sur les auteurs débouche sur quelques considérations à propos de Quinault. La critique s'attache ici aux méthodes de production de l'auteur.

Ainsi du poète : il passera pour tout ce que vous voudrez, pourvu que ce ne soit point pour méchant poète. Quinault n’est passable qu’en second. Aussi dit-on que ce qu’il y a de supportable dans ses opéras, il le tient des conversations fréquentes qu’il avait avec une très habile demoiselle. C’était Mlle. Serment, de qui j’ai ouï faire de grands éloges à Monsieur… M. Quinault la consultait en tout et n’a rien publié, depuis l’Alceste, qu’elle n’en fût contente. C’est, je crois, ce qui a fait dire que, si le faiseur d’opéras a acquis quelque gloire, elle lui est commune avec d’autres gens.

Dans le temps que Quinault se loua pour fournir à Lully un opéra tous les ans, on fit ces vers, dont je me souviens encore :

Qu’un honnête homme une fois en sa vie
Fasse un sonnet, une ode, une élégie,
Je le crois bien.
Mais que l’on ait la tête bien rassise,
Quand on en fait métier et marchandise,
Je n’en crois rien.

Que force gens passent pour bien écrire
Et qu’en public brille tout leur bien dire,
Je le crois bien.
Mais qu’au labeur d’autrui bien souvent ils ne doivent
La gloire et le profit que leurs vers en reçoivent,
Je n’en crois rien.

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