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1665

Jean Loret, La Muse historique

Paris, Chénault, [1656-1665].

L'Astrate pour les rois.

Dans sa lettre du 10 janvier 1665, Loret relate la représentation de l'Astrate de Quinault pour l'Épiphanie.

Des gens de cour (et plus de trois)
M’ont conté que le jour des Rois,
Le Roi fit somptueuse chère
À la Reine, sa bonne mère,
Qui se porte bien, Dieu merci,
À Monsieur et Madame, aussi.
Bref, la troupe fut grande et belle,
On vit, illec, Mademoiselle,
Briller de la bonne façon,
Son aimable soeur d’Alençon,
Et quantité d’autres princesses,
Et de ravissantes duchesses,
(Mais dont les noms je ne sais pas)
Furent de ce charmant repas,
Où l’on compta quatorze Illustres,
Qui de la cour sont les beaux lustres.
Jamais banquet ne parut mieux
Être un banquet fait pour les dieux
Et l’apprêt en fut si superbe
Que je crois qu’il n’est point d’adverbe,
Qui ne soit bas, rampant et plat,
Pour exprimer son grand éclat.
Avant cette chère Royale,
Une pièce en vers, théâtrale,
Charma, ce dit-on, à son tour,
Cette noble et splendide cour.
La pièce est belle et délicate,
Et se nomme, je pense, Astrate, [dont est auteur M. Quinault.]
Dont l’excellent mérite est tel,
Que les grands acteurs de l’Hôtel,
Qui disent mieux que des oracles,
La faisant valoir à miracles,
Attirent chez eux tous les jours
Un si grand et nombreux concours
De beaux esprits, de belles âmes,
De grands monsieurs, de grandes dames,
Que depuis qu’il l’ont mise sus,
Vous diriez de petits Crésus.
Enfin, après cette merveille
Qui flatte fort, dit-on, l’oreille,
Au gré de maint noble intestin,
On commença ce grand festin,
Qui finit la cérémonie
Du beau soir de l’Épiphanie.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


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