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1666

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Muguet, 1666.

Compte-rendu de l'Antiochus

Le 29 mai 1666, Robinet fait un compte-rendu important de la nouvelle pièce de Thomas Corneille, Antiochus.

Je vis mardi l’Antiochus,
Et je veux que comme à Malchus
Quelque Pierre m’ôte une oreille
Si ce n’est pas une merveille !
C’est un chef-d’œuvre assurément
Où tout se trouve également,
Et, depuis que dessus la scène
Je vais voir de diverse veine
Ce qu’elle a produit de nouveau,
Je n’ai rien vu qui fût plus beau.
Au reste, la troupe royale
Dans cette belle pièce étale
Toute sa pompe et tout son art,
Et, toute flatterie à part,
Chacun y soutient à merveille
La gloire du jeune Corneille.
Oui, Floridor, d’Antiochus,
Et Montfleury, de Seleucus,
Expriment si bien les tendresses
Que les âmes les plus tigresses
Voudraient prendre part aux soucis
Tant du père comme du fils.
La Des Oeillets, sur ma parole,
D’Arisoné fait bien le rôle
Dedans l’intrigue du portrait,
Qui certes me plaît tout à fait.
D’autre part aussi, Hauteroche
Pourrait toucher un cœur de roche
Quand de Tigrane, son amant,
Il représente le tourment.
Pour Dennebaut, la jeune actrice,
Dans le rôle de Stratonice
Que veut épouser Seleucus,
Et que son fils Antiochus
Aime d’un amour qui l’embrase,
Elle vous réduit à l’extase
Par ses appas et ses discours,
Et sait dans de feintes amours
En inspirer de véritables
Par ses charmes des plus aimables.
Enfin, pour ne rien oublier
De ce que je dois publier,
Poisson et Brécourt, confidentes,
Font des mieux et sont très brillantes.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


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