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1666

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Muguet, 1666.

Les petits comédiens et leurs stars

Le 21 février, Robinet, pendant la maladie de Molière qui l'éloigne du théâtre, fait l'éloge des petits comédiens de la troupe du Dauphin et notamment de Baron. Le 12 septembre 1666, il annonce en apostille une nouvelle star parmi la troupe d'enfants :

Je vous dirai, pour autre avis,
Que Molière, le dieu du ris
Et le seul véritable Mome,
Dont les cieux n’ont qu’un vain fantôme,
A si bien fait avec Cloton
Que la Parque au gosier glouton
A permis que sur le théâtre
Tout Paris encor l’idolâtre.
Oui, tel est le décret du sort,
Qui certes, nous oblige fort,
Que du comique ce grand maître
Dans quelques jours pourra paraître.
Cependant, au Palais-Royal,
Avec un plaisir sans égal,
On peut voir la troupe enfantine
Qu’on nomme la Troupe Dauphine,
Dont les acteurs, à peine éclos,
Des plus vieux méritent le los.
Sur tous le fils de la Baronne,
Actrice si belle et si bonne
Dont la Parque a fait son butin,
A, comme elle, le beau destin
De charmer chacun sur la scène,
Quoiqu’il n’ait que douze ans à peine,
Et certes il sera quelque jour
Fort propre aux rôles de l’amour.


APOSTILLE

J’ajoute ici que je reviens
Des beaux petits comédiens
Qui consacrent toutes leurs veilles
Et leurs agréables merveilles
À notre Dauphin glorieux,
Et qu’on admire parmi eux
Une actrice toute nouvelle,
Toute charmante et toute belle,
Et qui joue à miracle aussi,
Vrai comme je l’écris ici.
Ah ! que dedans un rôle tendre
Elle en forcera de se rendre,
Et que maints, en lorgnant la jeune de Beaulieu,
Posteront volontiers leur cœur en si beau lieu !

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »