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1668

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Lesselin, 1668.

Représentation de La Folle Querelle à l'occasion de la paix

Le 12 mai 1668, Robinet donne un écho généreux à La Folle Querelle de Subligny (sur Andromaque de Racine), jouée dans le cadre des festivités pour la paix d'Aix-la-Chapelle. Le 8 septembre, il attaquera la pièce de Subligny :

Envoyons donc la guerre paître
Et ne parlons plus de combats,
Qui n’ont ainsi guère d’appâts,
S’ils ne sont combats de ruelles
Entre les galants et leurs belles,
Ou d’aimables conflits d’esprit,
Tel qu’un, que naguère on m’apprit,
Sur le poème d’Andromaque,
Où, sans faire tique, ni taque,
Sinon que du bec seulement,
Chacun en dit son sentiment.
Or, une plume fine et belle,
Sous le nom de Folle Querelle, [Le Sr de Subligny, auteur de la Muse Dauphine]
En a fait même le sujet
(Qu’on tient bien tourné tout à fait)
D’une petite comédie,
Aussi plaisante que hardie,
Et qu’enfin la Troupe du roi
Donnera vendredi, je crois.
Comme on aime ce qui fait rire,
Surtout en critique et satire,
Dieu sait comme en foule on ira,
Notamment sur ce qu’on saura
Que la pièce qu’on examine
Est l’Andromaque de Racine.
J’en dis assez, disant cela ;
Sur cet article donc, holà !


[8 septembre]

A propos de satires, quoi ?
Sous ce nom, l’on voit, bonne foi,
Ici, des écrits qui sont pires
Dix mille fois que des satires,
Et qui font, au moins, plus de peur
À maint et maint savant auteur.
Mais bien fou qui s’en estomaque,
Fût-ce celui de l’Andromaque,
Contre qui ce faux Subligny,
Sans nulle crainte d’être honni,
A fait, sous le nom de critique,
Claquer sa fronde satirique,
D’un air que l’on ne vit jamais,
Tant au théâtre qu’au Palais, [Cette Critique s’y vend, chez Joly, au coin de la Galerie des Prisonniers.]
Où, quoi que l’on en puisse dire,
On ne peut s’empêcher d’en rire.
Mais, il n’importe, ce censeur
Est toujours un homme d’honneur,
Car sa critique, ou bien satire,
Loin qu’un auteur elle déchire,
En le louant elle l’instruit,
Et peut produire bien du fruit
Dans la république lettrée ;
Telle critique enfin m’agrée.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


Pour indiquer la provenance des citations : accompagner la référence de l’ouvrage cité de la mention « site Naissance de la critique dramatique »