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1670

Charles Robinet, Lettres en vers

Paris, Chénault, 1670.

Représentation du Gentilhomme de Beauce à Versailles

Dans sa lettre du 13 septembre 1670, Robinet rend compte du séjour des fêtes à Versailles, où la Cour a notamment assisté au Gentilhomme de Beauce, représenté par l’Hôtel de Bourgogne.

Puis, on passe dedans un bois,
Où (le jour étant aux abois)
On devait, de la comédie,
Avec concert et mélodie,
Avoir le divertissement,
Dessus un théâtre charmant,
Coûtant grand nombre de pistoles,
Ornés de lustres, girandoles,
Festons de feuillage, et de fleurs,
Des plus éclatantes couleurs
De vases d'or, de porcelaines,
Et, bref, d'argentines fontaines,
Dont l'eau tombait, sans aucun bruit,
Dans un bassin exprès construit,
Où, tout au moins, rempli de mousse,
Qui rendait sa chute si douce,
Que l'oreille elle chatouillait,
De l'air dont elle gazouillait,
Sans qu'elle interrompît l'ouïe,
Dans le cours de la comédie.
À ce théâtre si riant,
Dressé, je pense, à l'orient,
On se rendait, par une allée,
D'un bout à l'autre, bien sablée,
Que trente arcades partageaient,
Et trente lustres éclairaient,
Répandant, tous, une lumière
Qui plaisait plus à la visière,
Que la lumière que produit
L'astre du jour, ou de la nuit,
Tout cela, pour conclure en somme,
Disposé par un galant homme, [Le Sieur Vigarani]
Et, comme par enchantement,
En deux, ou trois jours seulement.
Après ladite comédie, [C'était le Gentilhomme de Beauce par la Troupe de l'Hôtel]
(Car il faut que, de tout je die
Deux ou trois historiques mots)
On fut en l’allée où les eaux
Font des cascades ravissantes,
Et, tout à fait, divertissantes,
Par le murmure qu’elles font.

Transcription de David Chataignier disponible sur le site Molière21.


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