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1666

Jean Racine, Alexandre le Grand

Paris, Girard, 1666

Censeurs, cabale et applaudissements

Dans sa préface, Racine pointe le rapport direct entre succès d'une pièce et cabale, et raille cette dernière en l'opposant aux "applaudissements" du reste du public, dont elle ne serait pas représentative.

Mais j'avoue que, quelque défiance que j'essuie de moi-même, je n'ai pu m'empêcher de concevoir quelque opinion de ma tragédie, quand j'ai vu la peine que se sont donné de certaines gens pour la décrier. On ne fait point tant de brigues contre un ouvrage qu'on n'estime pas. On se contente de ne le plus voir quand on l'a vu une fois et on le laisse tomber de lui-même, sans daigner seulement contribuer à sa chute. Cependant j'ai eu le plaisir de voir plus de six fois de suite à ma pièce le visage de ses censeurs. Ils ont prodigué libéralement leur temps et leurs peines pour la venir critiquer, sans conter les chagrins que leur ont peut-être coûtés les applaudissements que leur présence n'a pas empêché le public de me donner. "

Mais je n'aurais jamais fait, si je m'arrêtais aux subtilités de quelques critiques qui prétendent assujettir le goût du public aux dégoûts d'un esprit malade, qui vont au théâtre avec un ferme dessein de n'y point prendre de plaisir, et qui croient prouver à tous les spectateurs, par un branlement de tête et par des grimaces affectées, qu'ils ont étudié à fond la poétique d'Aristote.

Préface disponible sur Théâtre classique.


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