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1650

Jean Loret, La Muse historique

Paris, Chénault, [1656-1665].

Comédie satirique

Dans sa lettre du 15 octobre 1650, Loret mentionne une comédie à forte charge satirique :

Certaine étrange comédie
D’une muse un peu hardie
Pleine d’invention et d’art,
Et dont la scène est chez Renard,
Fait assez grand bruit par la ville.
Aux uns elle échauffe la bile,
Aux autres ses expressions
Ne font nulles impressions.
La matière est toute galante,
En quelques lieux un peu méchante ;
L’intrigue en est bien démêlée,
Et maint coquet s’y voit mêlé.
On y donne des personnages
A tout plein de nobles visages,
Et même de grandes maisons.
La Chevreuse et la Montbazon,
Mais j’entends Chevreuse la fille,
Qu’on y dépeint assez gentille,
La chancelière d’Orléans
(A ce qu’on dit) passe léans
Pour une beauté presque usée,
Dont je la tiens un peu lésée ;
Lesdiguières s’y voit aussi,
Au moins, on me l’a dit ainsi.
La Fiesque et la soeur germaine
D’une haute et puissante reine,
Et même l’on ne s’est point tu,
D’y mêler aussi la vertu :
Ainsi, les personnes susdites,
Dans ce nouveau poème introduites,
Doivent bien plutôt s’en priser,
Que non pas s’en formaliser.
Elles ne sont point offensées
D’être avec la vertu placées
Et plusieurs prendraient bien en gré
Qu’on les mît en si haut degré.
Voilà tout ce que je puis dire
De cette plaisante satire,
Dont je n’ai vu pas un rollet,
Ni même lu pas un feuillet.
Mais, quoique très peu divulguée,
Elle est pourtant fort alléguée
Aux ruelles et promenoirs,
Et mêmement dans les parloirs.

Édition de 1857 disponible sur Google Books, p. 49-50.


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