Sur proposition de la Faculté des géosciences et de l’environnement et du jury de la Société académique vaudoise,
la Direction de l’Université décerne à
Le Prix de la Société académique vaudoise
avec la mention « Lauréat de l’Université »
La thèse de M. Moctar Dembélé a une double composante, à la fois méthodologique et géographique. Du point de vue méthodologique, il propose des avancées dans le couplage entre la modélisation hydrologique « classique » et l’utilisation de données acquises par la télédétection satelitaire. Sous l’angle géographique, Moctar Dembélé a l’ambition d’améliorer les connaissances sur le fonctionnement hydrologique du bassin de la Volta et sa sensibilité au changement climatique.
Cette thèse n’a pas seulement une portée scientifique pour les développements des sciences hydrologiques et pour les chercheur·e·s en hydrologie et en gestion des ressources en eau. Comme toutes les investigations sont réalisées systématiquement sur le bassin de la Volta, ses résultats ont également une portée pour les gestionnairesde ce cours d’eau transfrontalier.
En ce sens, le travail de recherche de M. Dembélé, ancré dans les sciences fondamentales, représente une réelle plus-value pour les gestionnaires de terrain. Nombre de ses résultats viennent par ailleurs combler des lacunes de connaissances récurrentes sur le continent africain: les développements méthodologiques basés sur l’exploitation des données de la télédétection permettent de contourner les lacunes de mesures sur le terrain qui empêchent très souvent les gestionnaires de prendre des décisions fondées sur des données précises.
Sur proposition de la Direction de l’Université de Lausanne,
le Conseil d’État du Canton de Vaud
décerne le
le Prix de l’État de Berne à
Basée à Fribourg, cette académie jeune musicale accompagne chaque année une vingtaine de musiciens en herbe des quatre coins de la Suisse dans leurs débuts de carrière. Elle encourage ainsi aussi les rencontres culturelles et linguistiques entre francophones et germanophones. Un engagement qui lui vaut de recevoir le Prix de de Berne.
« Nous sommes ravis et fiers de nous voir décerner ce prix, qui confirme que nous sommes sur la bonne voie », relève André Rossier, co-directeur de La Gustav, académie pour les musiques actuelles. Si la Direction de l’UNIL a décidé d’attribuer le Prix de de Berne à cette académie de musique fondée en 2017, ce n’est pas uniquement pour le travail réalisé au niveau musical. Issue d’un don du canton de Berne au canton de Vaud, il vise à renforcer les liens entre les régions linguistiques. C’est aussi le but du musicien fribourgeois Gustav qui a fondé l’établissement et lui a donné son nom. Célèbre pour son bilinguisme, l’artiste souhaitait accompagner chaque année une vingtaine de musiciens en herbe âgés de 18 à 25 ans, de toute l’Helvétie, misant sur la musique pour faciliter les échanges entre les régions. « Ce langage universel permet de franchir les frontières. Dans un petit pays comme la Suisse, il est très important de développer un réseau hors de sa région linguistique d’origine», souligne André Rossier. La Gustav est donc l’endroit idéal pour s’initier à la langue et à la culture des voisins habitant de l’autre côté du Röstigraben et s’y faire des contacts.
La recette fonctionne, en témoignent ses alumni : Gjon’s Tears, qui a emmené la Suisse sur la troisième marche du podium du concours Eurovision, faisait partie de la volée 2018.
Les futurs participants sont sélectionnés sur audition, chaque mois de novembre. « En nous donnant de la visibilité, le Prix de Berne nous permettra très certainement de recruter des talents de très haut niveau », se réjouit André Rossier.
Sur un an, les heureux élus bénéficient d’un suivi délivré par des professionnels de la scène musicale sur sept week-ends et deux séjours d’une semaine. Un temps qu’ils mettent à profit pour s’exercer aussi bien au songwriting lors d’un camp qu’à la lecture de contrat ou à l’exercice de l’interview sous la houlette de coaches issus du milieu, tels Sacha Ruffieux, guitariste de Stress, ou la chanteuse multi-instrumentiste Heidi Happy. « Nos coaches partagent leurs connaissances du monde musical et leur expérience, mais sont également là pour inspirer les jeunes et leur montrer qu’il est possible de vivre de ces métiers en Suisse », rappelle André Rossier.
Des concerts figurent évidemment au programme. Depuis ses débuts, La Gustav est partenaire du célèbre club fribourgeois Fri-Son et, depuis ce mois de janvier le fameux club lucernois Schüür l’a rejoint. Des collaborations appelées à s’étendre, en Suisse allemande et romande.
Sur proposition de la Direction de l’Université de Lausanne,
la Ville de Lausanne
décerne le
le Prix de la Ville de Lausanne à
Grâce au travail de Caleb Abraham, nous disposons maintenant du catalogue de la Bibliothèque de l’Académie de Lausanne au XVIe siècle. Jusqu’à ce jour, les ouvrages ayant appartenu à cette bibliothèque se trouvaient dispersés dans les fonds anciens de la Bibliothèque cantonale et universitaires (BCU) et rien ne signalait dans le catalogue actuel de cette bibliothèque leur appartenance au noyau initial de la Bibliothèque académique. Caleb Abraham a réussi, grâce à un travail extraordinaire de patience et de précision, en observant physiquement un par un tous les volumes imprimés des fonds précieux de la BCU datant d’avant 1601, à retrouver les ex-libris manuscrits et les autres marques signalant l’appartenance à la Bibliothèque de l’Académie de Lausanne au XVIe siècle siècle et à en faire un catalogue qui comprend 578 volumes en cinq langues (latin, grec, hébreu, français et syriaque).
Nous avons ainsi appris que ces ouvrages, soigneusement sélectionnés et acquis années après années par les professeurs et les pasteurs de Lausanne (grâce à un budget de 100 florins annuels) formaient une bibliothèque de recherche de premier ordre dans les domaines des langues et des littératures anciennes (latin, grec et hébreu), des études bibliques et de la théologie. Les volumineuses collections d’œuvres complètes, que ce soient celles des Pères de l’Église ou de savant du XVIe siècle tels qu’Érasme de Rotterdam formaient une part substantielle de cette bibliothèque académique de la Renaissance qui contient de véritables trésors, comme la célèbre Bible polyglotte d’Alcalá (1517).
À travers l’observation de la composition de la Bibliothèque, Caleb Abraham a éclairé un pan de l’histoire intellectuelle de l’Académie de Lausanne au XVIe siècle, une institution trilingue (latin, grec et hébreu) renommée et pionnière en Europe qui alliait la pédagogie et la philologie humaniste avec l’érudition protestante naissante.
Un trait particulier de la Bibliothèque académique lausannoise du XVIe siècle, qui apparaît clairement dans ce travail et la distingue d’autres bibliothèque académiques protestantes de la même époque, comme celle de Zurich, est qu’elle contient un nombre significatif d’ouvrages rédigés par des auteurs catholiques contemporains. Les professeurs lausannois cherchaient à connaître les positions des savants au-delà des barrières confessionnelles, et ceci non seulement pour pouvoir les combattre lorsqu’elles s’opposaient à la théologie réformée mais aussi pour s’en inspirer lorsqu’elles pouvaient les éclairer.
L’Université de Lausanne sur proposition de sa Direction décerne à
le Prix de l’Université de Lausanne
Élu par l’assemblée du Collège de France, le binational suisse et allemand Thomas Römer avait été nommé administrateur par décret du président Emmanuel Macron, devenant ainsi le premier citoyen étranger à assumer la responsabilité de cette institution créée en 1530.
Les cours et colloques ouverts au public, gratuitement et sans inscription, se sont poursuivis en ligne durant la pandémie (et sur France Culture), mais il est à nouveau possible d’y assister en présence depuis le 19 mai 2021. « Nous pouvons accueillir un auditeur sur deux, mais c’est déjà bien car certains étaient vraiment impatients de revenir », affirme-t-il.
Très touché par l’annonce du Prix de l’Université de Lausanne, le professeur honoraire compte se déplacer pour l’occasion le 4 juin ; en outre, il donnera sa leçon d’adieu le 23 septembre à la Faculté de théologie et de sciences des religions, où il a effectué dès 1993 sa brillante carrière, « dans les meilleures conditions possibles grâce à l’UNIL ».
Professeur de Bible hébraïque, Thomas Römer est ce qu’on appelle un bibliste, qui travaille ces textes anciens et les sort de l’oubli en philologue, voire en archéologue. Sa renommée lui a valu d’être nommé au Collège de France, où il a créé en 2007 la chaire « Milieux bibliques », se plaçant dans la lignée d’Ernest Renan, l’un des plus éminents historiens de l’Ancien Testament au XIXe siècle, et qui fut lui aussi administrateur de cette vénérable institution.
Colloque de rentrée au Collège de France
« Inventer l’Europe »
Octobre 2021
Leçon d’adieu du professeur Thomas Römer
« Bible et archéologie. Chances et risques d’une rencontre »
Jeudi 23 septembre à l’UNIL
« Mais le nom de la Bible est entré au Collège avec moi », sourit Thomas Römer, pour qui « le fait religieux dépasse le discours croyant et reste dès lors compatible avec la laïcité ». Si les convictions religieuses relèvent bien du « domaine privé », il estime « important de montrer que les textes bibliques (et coraniques) font partie de notre patrimoine culturel, qu’ils ne sont pas tombés du ciel et ont eu une grande influence sur l’histoire ». Il a accompagné comme doyen les transformations de sa faculté et rappelle que « la lecture critique des textes sacrés est née dans les facultés protestantes, donc grâce aux universités, à partir des XVIIIe et XIXe siècles », même s’il est vrai aussi que « les rabbins se posaient déjà énormément de questions ». L’ignorance et la crédulité livrent de nombreux croyants aux manipulations et à une radicalisation du discours, estime Thomas Römer, à de fausses promesses, comme la richesse chez certains évangéliques, ou le martyre, qui peut tenter particulièrement de jeunes islamistes. « Il faut parfois défendre ces textes, qui ont une grande continuité dans le temps et entre eux, contre leurs adorateurs et tous ceux qui les ont utilisés et les utilisent à tort et à travers », souligne-t-il.
Dans la notion de milieux bibliques, il y a l’idée précieuse que « le texte n’existe pas en lui-même, n’est pas une invention à partir de rien » ; il repose sur des faits de société, des contextes historiques et un public pour lequel il est écrit, si bien qu’il devient hermétique au fil du temps. Il faut, pour comprendre et éclairer la Bible, étudier l’histoire des époques et des civilisations qui ont entouré sa naissance dans le Proche-Orient ancien. « Sans oublier la contre-histoire », précise Thomas Römer. En effet, maints épisodes relatés le sont « pour des raisons purement idéologiques », par exemple dans le Livre de Josué le récit sanglant de la conquête du pays de Canaan par les Israélites, qui n’est étayé par aucune découverte archéologique et qui répondait sans doute à la volonté de contrer la menace assyrienne bien réelle en montrant que le dieu d’Israël était plus puissant que les divinités d’Assyrie (voir le magazine Allez savoir ! numéro 69).
Le texte biblique, notamment, « ne peut pas légitimer tous les discours » car il est polysémique. Par exemple, il y a dans les premiers chapitres de la Bible deux histoires qui se suivent sur l’origine des humains ; dans la première, hommes et femmes ont été créés en même temps, mais dans la seconde le premier être humain, Adam, n’est pas encore sexué, et on peut voir Ève comme une sorte de dédoublement ultérieur après que Dieu, qui se comporte un peu comme un bricoleur, a essayé de donner des compagnons animaux à ce premier être sans que ce soit vraiment satisfaisant…
On pourrait écouter des heures Thomas Römer et on le retrouve notamment dans deux récents ouvrages aux éditions Que sais-je ? (PUF) : L’Ancien Testament, paru en 2019 et lié à son cours au Collège de France sur la naissance de la Bible, ainsi que Les 100 mots de la Bible, en 2020. À noter également le livre d’entretien avec Jacqueline Chabbi, Dieu de la Bible, Dieu du Coran, paru aux éditions du Seuil en 2020.
L’Université de Lausanne
sur proposition de sa Faculté des lettres, confère à
le grade de Docteure ès lettres honoris causa
Linguiste de renom international, professeure émérite de la Sorbonne Nouvelle, Jacqueline Authier-Revuz a radicalement renouvelé l’étude du langage, en tant que celui-ci met en relation le sujet parlant avec ses altérités : le monde, les autres, le langage lui-même. Parce qu’ils articulent théories des discours, des systèmes de signes et du sujet, ses travaux font aujourd’hui référence aussi bien dans le champ de l’analyse du discours qu’en psychologie et en linguistique générale, notamment pour la description de l’énonciation et du métalangage.
Le premier livre de Jacqueline Authier-Revuz, Ces mots qui ne vont pas de soi : boucles réflexives et non-coïncidences du dire (1995, prix Pierre Larousse des sciences du langage ; rééd. 2012) est désormais un classique.
D’une parfaite clarté malgré sa technicité, son second livre, La représentation du discours autre : principes pour une description (2020), propose une exceptionnelle et très audacieuse mise au point sur le discours rapporté.
Or, cet ouvrage a une origine lausannoise : dans les années 1980, le Département de l’instruction publique de l’État de Vaud avait demandé à Jacqueline Authier-Revuz d’effectuer une expertise in situ en vue de « la rénovation pédagogique, la confection de moyens d’enseignement et la formation permanente des enseignants de français » ; comme Jacqueline Authier-Revuz ne manque jamais de le rappeler, c’est à cette occasion que commença une réflexion qui devait se poursuivre jusqu’à nos jours.
Particulièrement attachée à notre université, Jacqueline Authier-Revuz vient au moins une fois par an dans nos murs ; elle est sans doute une des inspirations majeures des travaux qui s’y mènent en linguistique, mais ses livres et ses articles sont également régulièrement convoqués par les spécialistes de littérature de l’UNIL.