Gerta Keller

Docteure honoris causa 2021 de la Faculté des géosciences et de l’environnement


L’Université de Lausanne
sur proposition de sa Faculté des géosciences et de l’environnement,
confère à

Madame Gerta Keller

Professeure à l’Université de Princeton, New Jersey

le grade de Docteure en sciences de la Terre honoris causa

Pour ses contributions à la controverse sur l’extinction de masse du Crétacé-Tertiaire, et en particulier pour son analyse quantitative globale de l’ampleur et du rythme de l’extinction et des changements du climat qui y sont associés.

Portrait de la docteure honoris causa

Ce prix est une reconnaissance de l’impressionnante recherche de la professeure Gerta Keller sur les effets environnementaux et biologiques des catastrophes et des extinctions, fruit de son inlassable activité, de son opiniâtreté et de son originalité qui lui ont permis, en tant que femme chercheure et pionnière, de faire briller ses travaux dans un domaine longtemps très masculinisé.

Des recherches innovantes

Micropaléontologiste de renom, elle reconstitue les évènements globaux ayant conduit à des extinctions de masses comme celle de la limite Crétacé-Paléogène, qui a vu disparaître il y 66 Ma les fameux dinosaures.

Pour beaucoup de scientifiques, cette extinction était uniquement liée à un impact de météorite sur le Yucatan au Mexique. Gerta Keller, en chercheuse opiniâtre refusant le consensus, a su utiliser avec succès une approche multidisciplinaire incluant micropaléontologie, stratigraphie, géochimie et sédimentologie pour montrer qu’un intense volcanisme (Traps du Deccan) prédatait de quelque 100 mille ans la fameuse limite d’extinction ; et qu’il avait été certainement plus dévastateur que l’impact lui-même, dont elle a toujours mis doute la datation et son rôle dans l’extinction de masse !

D’une grande curiosité scientifique, d’une capacité de travail hors du commun, la professeure Gerta Keller s’intéresse à bien d’autres sujets, tel le maximum thermique de la limite Paléocène-Eocène (56 Ma) : une période marquée par une intense diversification des organismes vivants dans les domaines marin et terrestre, qui voit l’arrivée des mammifères modernes dont nous descendons ; ou encore les évènements anoxiques globaux du Crétacé, dont l’étude permet de mieux cerner le réchauffement global actuel.

Une chercheuse inspirante

Gerta Keller, sixième d’une famille de 12 enfants, a grandi en Suisse, en Appenzell. Elle est partie précocement à l’aventure pour voyager dans le monde entier, avant d’obtenir finalement son Bachelor à l’Université d’État de San Francisco et son PhD en géologie et paléontologie à l’Université de Stanford en 1978. Elle est professeure en géosciences à l’Université de Princeton depuis 1984. 

Auteur de plus de 240 publications et plusieurs livres, Gerta Keller a reçu de nombreuses distinctions. Ses recherches ont inspiré de nombreux documentaires et présentations dans les médias. Luttant pour les droits des femmes et des filles depuis l’âge de 14 ans, elle est une chercheuse inspirante qui a soutenu de nombreuses chercheuses et chercheurs en leur début de carrière, supervisant notamment de nombreux doctorants dans le monde entier.

Une collaboration étroite avec l’UNIL

A l’UNIL, elle collabore étroitement depuis 1992 avec plusieurs chercheurs de l’Institut des sciences de la Terre (ISTE) et de l’Institut des dynamiques de la surface terrestre (IDYST), notamment sur l’extinction de masse du Crétacé-Paleogène. Plus de 70 articles ont été co-signés depuis lors, avec le professeur Thierry Adatte essentiellement.