Les analyses au radiocarbone AMS datent les matériaux utilisés pour la fabrication des globes, dans un intervalle de temps qui peut paraître large, mais qui permet d’affirmer avec un bon niveau de certitude que les globes de Mercator de l’UNIL sont sortis des ateliers de Mercator au XVIe siècle.
Pour le globe terrestre, deux prélèvements ont été effectué au niveau du pôle sud, l’un pour le papier de surface, l’autre pour les fibres du substrat. Ce substrat est composé de textile, mais il est difficile d’être plus précis.
Le rapport C/N (rapport carbone sur azote, permettant de juger du degré d’évolution de la matière organique, c’est-à-dire de son aptitude à se décomposer plus ou moins rapidement dans le sol ; plus il est élevé, plus la décomposition est lente) est, pour le papier, de 63.32 et de 23.73 pour le textile. Cela suggère que le papier avait été fabriqué à partir de textile comme cela est d’usage à l’époque médiévale.
Les datations radiocarbone C14 suivantes ont été obtenues : | ||
Sphère, papier (surface) | 1450-1640 | avec 95,4% de probabilité |
Sphère, fibres (substrat) | 1480-1650 | avec 95,4% de probabilité |
Deux prélèvements ont été effectué pour le globe céleste, l’un pour le papier de surface, l’autre pour les fibres du substrat.
Les datations radiocarbone C14 suivantes ont été obtenues : | ||
Sphère, papier (surface) | 1458-1706 | avec 58,0% de probabilité |
Sphère, fibres (substrat) | 1473-1640 | avec 95,4% de probabilité |
Outre le géochronomètre décisif au C14 des socles, des analyses complémentaires C12 et C13 ont été menées par le professeur Torsten Vennemann de l’Institut des dynamiques de la surface terrestre de la Faculté des géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne. Elles complètent les observations menées sur la datation des sphères.
Ces répliques ont été rendues possible grâce à l’achat en mai 1868 par la BRB des derniers exemplaires des fuseaux des globes conservés in-plano. Le Ministre des finances belges d’alors, Jules Malou, donne l’ordre d’en faire une édition facsimilée ; elle sera éditée à Bruxelles chez Merzbach-Falk à un tirage de 200 exemplaires. À la même occasion quelques répliques des globes sont réalisées. Leur nombre exact n’est malheureusement pas connu, mais une paire de ces globes facsimilés est donnée au Cercle historique de Pays de Waas en 1877 par Jules Malou.
Penser aux facsimilés de 1875 était légitime en regard de l’excellent état de conservation des sphère par rapport à celui des socles d’apparence beaucoup plus ancienne. Finalement, les analyses effectuées sur les sphères permettent d’éliminer cette possibilité. Les globes de l’UNIL n’ont pas été réalisés à cette période.
Bien qu’au début 2013 nous sachions déjà que les socles étaient composés de matériaux du XVIe siècle, la visite d’un historien de la cartographie, spécialiste des globes hollandais des XVIe-XVIIe siècles, est néanmoins sollicitée. Le Dr Peter van der Krogt, des Universités d’Amsterdam et d’Utrecht, vient ainsi à Lausanne au printemps 2013 pour voir in situ les deux globes et s’entretenir avec l’équipe lausannoise sur différents aspects historiques et pratiques.
La question de l’authenticité est abordée en regard de l’aspect très disparate des socles et des sphères. En effet, même en sachant que les datations au C14 ont déjà authentifié les socles, un examen visuel ne permet cependant pas de lever entièrement les doutes en ce qui concernent les sphères.
C’est une évidence : il ne s’agit pas de copies modernes ; mais leur bon état de conservation laisse planer le doute sur leur origine. Pourrait-il s’agir de sphères facsimilées fabriquées à partir des fuseaux de 1875 ? D’autres analyses C14 s’avèrent donc pleinement justifiées pour clore d’une manière ou d’une autre la question.
L’expertise dendrochronologique représente une étape en vue de la datation par radiocarbone C14 de fragments de bois prélevés sur les socles des globes terrestre et céleste. Elle permet une prise d’échantillons pertinente pour les analyses.
Les prélèvements sont assurés en 2012 par Jean Tercier et Jean-Pierre Hurni du Laboratoire romand de dendrochronologie de Moudon. Ceux-ci pilotent également la datation C14 effectuée par la Dre Irka Hajdas du Laboratory for Ion Beam Physics, Radiocarbon Dating de l’ETH à Zürich.
Sur cette planche, environ 45 cernes de croissance sont décomptés. L’aubier qui annonce la proximité de l’écorce est absent. Le fragment provient d’un cerne proche du coeur de l’arbre, à environ 42 cernes du cerne de croissance le plus extérieur de la planche. Ces observations permettent d’affiner les résultats pour approcher au plus près la date d’abattage de l’arbre.
L’abattage du chêne est d’au moins 67 ans plus récent que la date du cerne analysé par le radiocarbone (42 années depuis le cerne analysé, auxquelles s’ajoutent au minimum 25 cernes correspondant à l’aubier manquant).
La datation dendrochronologique suivante a été obtenue : | ||
Abattage du chêne | 1527-1707 | avec 95,4% de probabilité |
La datation radiocarbone C14 suivante a été obtenue : | ||
Socle, bois | 1460-1640 | avec 95,4% de probabilité |
Sur cette planche, environ 60 cernes de croissance ont été décomptés, dont 6 cernes d’aubier. L’aubier présente une teinte plus claire que le bois de coeur. Il est situé à la périphérie du tronc, sa présence indiquant la proximité de l’écorce. Le fragment provient d’un cerne proche du coeur de l’arbre, à environ 55 cernes du cerne de croissance le plus extérieur de l’aubier. Ces observations permettent d’affiner les résultats pour approcher au plus près la date d’abattage de l’arbre.
L’abattage du chêne est d’environ 75 ans plus récent que la date du cerne analysé par le radiocarbone (55 années depuis le cerne analysé, auxquelles s’ajoutent 20 cernes d’aubier manquant).
La datation dendrochronologique suivante a été obtenue : | ||
Abattage du chêne | 1485-1525 | avec 95,4% de probabilité |
La datation radiocarbone C14 suivante a été obtenue : | ||
Socle, bois | 1410-1450 | avec 95,4% de probabilité |