Les couches de papier ont d’abord été dépoussiérées à l’aide d’un pinceau doux, puis doucement désencrassées avec une éponge de latex (qui accroche la saleté sans eau). La surface a ensuite été nettoyée à l’aide de compresses humides de papier japon et/ou à l’aide de bâtonnets de ouate.
Différents gels en solution aqueuses ont été employés pour le nettoyage:
Les parties qui se décollaient ont été refixées à l’aide de méthylcellulose, Methocel A4M ou Benecel A4C 0.5-3% en fonction de la viscosité requise.
Les zones de papier non vernies ont été isolées à l’aide de méthylcelluose puis protégées par un fin vernis de dammar dissout dans du sangayol (Kremer).
Les lacunes ont ensuite été retouchées à l’aquarelle, à la gouache (Schmincke) ou au Dammar et pigments secs (Kremer).
Dans le cas des manques de papier sur les sphères, les lacunes ont d’abord été comblées à l’aide d’un mastic à base de gélatine alimentaire (8% dans de l’eau déminéralisée) chargée à la craie de Champagne (6 parts), craie de Bologne (4 parts) et kaolin (1 part). Ces mastics ont ensuite été retouchés de la même manière, d’abord à l’aquarelle et/ou à la gouache, puis aux pigments et résine dammar. Parfois des couleurs Mussini (Deffner et Johann), aux pigments broyés très finement (à base de résine-huile) ont également été employées ; cet emploi a été exclusivement limité aux masticages.
Les socles ont d’abord été dépoussiérés puis nettoyés à l’aide d’une éponge Wish-ab et d’humidité (eau déminéralisée tiède). Les zones fortement encrassées (pieds, boussoles) ont été nettoyées à l’aide de bâtonnets de ouate.
Les grandes lacunes, mais également les plus petites particulièrement visibles, ont été retouchées à la gouache et aux pigments secs et dammar (dissout dans du sangayol). Les bords noirs usés ont également été légèrement retouchés avec les mêmes couleurs.
Afin de corriger au maximum la position des sphères dans leur horizon, de petits morceaux de bois on été ajoutés dans les encoches pour le méridien, forçant ainsi la sphère du côté opposé au frottement. Malheureusement les sphères sont encore décentrées dans les horizons de bois, une précaution particulière doit donc être prise lors de leur rotation. Le méridien peut d’ailleurs être poussé manuellement dans le sens opposé au frottement lorsque les sphères doivent être tournées.
Afin d’améliorer la position du globe terrestre, le petit socle cylindrique soutenant le méridien a été également corrigé: 5mm on été sciés d’un côté de l’encoche puis rajoutés de l’autre côté à l‘aide d’un petit morceau de bois de balsa teinté en brun à la gouache.
Les lacunes provoquées par les prises d’échantillons pour les analyses C14 ont été mastiquées et retouchées, mais un petit trou a été laissé volontairement ouvert dans le globe terrestre.
De la même manière, le trou dans lequel le caractère d’imprimerie a été découvert n’a pas été rebouché (juste sous l’équateur, au niveau du Gabon actuel, longitude 40°). Le trou a donc simplement été recouvert de papier japon teinté et verni.
Construction générale
La sphère du globe terrestre est légèrement descendue sur son axe métallique ; elle est donc décentrée par rapport à l’horizon de bois. La sphère du globe céleste présentait le même problème, mais sa position a été corrigée lors d’une précédente restauration par l’ajout d’un petit anneau métallique la rehaussant. Malgré tout, les sphères ne sont pas centrées, elles s’appuient et frottent contre l’intérieur de l’anneau de bois.
La pointe de l’axe métallique du globe terrestre est cassée.
Les méridiens sont oxydés et tachés. Lors d’une précédente restauration, ils ont de plus été vernis (principalement la tranche) de manière très irrégulière, d’où la présence de coulures.
Epreuves imprimées
Les segments de papier se décollent légèrement aux jointures, probablement à cause d’une tension importante dans les couches de vernis. Le papier décollé est fragilisé ; des manques sont constatés dans ces zones, mettant à jour la préparation de craie sous-jacente. La surface présente également quelques griffures, dont la majeure partie a été provoquée par l’utilisation des globes (déplacement du glissoir le long des latitudes).
Les couleurs sont dégradées ; elles ont perdu en intensité et les verts ont souvent viré au jaune-brun. Les usures peuvent être dues à l’utilisation des globes au cours du temps et à leur altération naturelle, mais elle peut aussi avoir été aggravées par le nettoyage du vernis lors d’une précédente restauration.
Surfaces
Le vernis extérieur, qui n’est pas d’origine, est en plutôt bon état mais oxydé ; il présente une coloration jaune marquée. De plus, par endroits, la surface est usée et le vernis a presque totalement disparu. Dans ces zones, la surface du papier, qui n’était plus protégée, s’est encrassée fortement. Ce vernis présente également des zones mates.
Les restes du vernis plus ancien sont très oxydés et forment des taches foncées dans les creux du papier.
Epreuves imprimées
La couche de papier collée à l’horizon de bois est fortement abimée, bien plus que celle des sphères. Cela s’explique par la position horizontale de cette surface qui facilite l’accumulation de saleté. Cette zone a probablement aussi été très sollicitée lors de l’emploi des globes.
En particulier le long des bords, le papier se décolle et gondole. Des déchirures et de nombreux manques sont à déplorer, allant parfois jusqu’à 6 cm2. La surface imprimée est aussi fortement usée et abrasée au point que l’encre a par endroits disparu et qu’il ne subsiste qu’une très fine couche de papier.
Des dégâts d’eau ont provoqué une migration de la saleté et des taches d’humidité.
Surface
Le vernis est fortement oxydé et bruni (bien plus que le vernis de la sphère). La surface de l’anneau est très sale, particulièrement dans la bande non vernie où la saleté s’est accumulée de manière extrême dans les fibres du papier, au point que le texte est souvent illisible sous la crasse. Cette couche est si épaisse qu’elle s’est détachée par endroits, emportant avec elle la surface du papier.
Des gouttes de peinture blanche tachent la surface, notamment celle du globe céleste.
Bois
Le bord en bois de l’anneau est usé, avec par endroits des usures plus profondes, des manques ou même des fissures. Ces fissures, parfois traversantes, ont été partiellement fixées à l’aide de petits clous (pas originaux). Pour l’instant elles ne présentent pas de risque pour la stabilité de l’anneau.
Les assemblages en queue d’aronde ne sont plus à niveau et se marquent souvent au travers de la couche de papier.
L’anneau, comme le socle, a été démonté puis remonté. Une queue d’aronde du globe céleste a été remplacée par une pièce métallique (pas originale). Le bord tourné a été surpeint à la peinture noire opaque. Cette couche de peinture recouvre parfois d’anciennes usures du bois.
Le bord tourné noir est taché de traces de peinture blanche et turquoise.
Lors d’une précédente restauration, les socles ont été démontés puis réassemblés à l’aide de colle, de tourillons, de clous et de vis et de pièces en métal. Pour ce faire, l’emplacement des colonnes a été marqué et numéroté de 1 à 4 à la craie rose.
Les tourillons, assemblant les colonnes à l’horizon ont été remplacés et les joints recollés. Cette restauration est peu respectueuse des assemblages originaux et le collage est grossier. Des bourrelets de colle débordent des joints et les pièces ne sont pas toujours à niveau, les planches de la base circulaire par exemple sont légèrement décalées. Les parties noires du socle ont également été grossièrement surpeintes. Il est difficile de savoir quelle était la couleur d’origine de ces parties, mais elle était probablement beaucoup moins épaisse et couvrante que l’actuelle.
Les socles présentent également des usures naturelles, particulièrement le long des bords et dans les coins. Une partie de ces usures se trouve recouverte par les surpeints noirs.
La couche colorée au motif rouge-vert est très réduite et des pertes jusqu’au support de bois sont à déplorer.
Les aiguilles des boussoles ont disparu, tout comme le verre qui les recouvrait probablement.
Sur la base circulaire du globe céleste, on trouve les restes de colle d’une ancienne étiquette.
L’antenne romande de l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK|ISEA) sise à l’UNIL n’ayant pas de laboratoire d’analyse, c’est aux restaurateurs de la maison mère à Zurich que l’équipe responsable des globes fait appel. À l’automne 2014, Margaux Genton, assistante restauratrice, vient à Lausanne pour un premier examen sur place. Ayant déjà restauré un globe céleste du XVIIe siècle, elle combine à la fois l’expérience et les connaissances nécessaires à ce type de mandat.
D’un commun accord, il est décidé que les globes doivent partir pour les laboratoires de Zurich afin d’y subir des analyses complémentaires (dont un C14 de la sphère céleste avec une nouvelle méthode non-invasive) et d’y être ensuite nettoyés et consolidés en vue de leur conservation et de leur exposition. Ce déplacement a lieu le 10 novembre 2014.
Les tâches suivantes sont confiées à SIK|ISEA :
Afin de remplir ce mandat, SIK|ISEA utilise de nouvelles méthodes d’observation et d’analyse énumérées ci-dessous.