Description du globe céleste – Les Globes de Mercator de l'UNIL https://wp.unil.ch/mercator Le récit d'une découverte à l'Université de Lausanne Tue, 25 Aug 2020 14:10:41 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.5.1 Cartouches https://wp.unil.ch/mercator/les-cartouches-celestes/ Mon, 29 May 2017 12:17:19 +0000 http://wp.unil.ch/mercator/?p=4267 [...]]]> La sphère céleste est garnie de deux cartouches, l’un de dédicace, l’autre précisant la propriété intellectuelle, ainsi que d’une inscription signalant le lieu et la date d’édition.
DédicacePropriété intellectuelleEdition
Un premier cartouche renferme la dédicace à l’évêque de Liège surmontée de ses armoiries.

Georges d’Autriche (1505-1557), comme Nicolas Perrenot pour le globe terrestre, est un grand personnage de son temps. Fils naturel de l’empereur Maximilien Ier, il commence une carrière ecclésiastique en 1525 comme évêque de Brixen. Il doit sa position de prince-évêque de Liège, à laquelle il accède en 1541, à l’empereur Charles Quint, qui souhaite placer un homme dévoué à cette place stratégique.

Ampliss[imo] Praesuli Principiq[ue] ill[ustrissi]mo Georgio ab Austria Dei dispositione Episcopo Leodiensi, Duci Bullonensi, Marchioni Fracimotensi, Comiti Lossensi, etc, mecoenati optime merito dd. Gerardus Mercator Rupelmondanus.

Ampliss[imo] Praesuli Principiq[ue] ill[ustrissi]mo Georgio ab Austria Dei dispositione Episcopo Leodiensi, Duci Bullonensi, Marchioni Fracimotensi, Comiti Lossensi, etc, mecoenati optime merito dd. Gerardus Mercator Rupelmondanus.
Au plus grand patron et très fameux prince Georges d’Autriche, évêque de Liège par la grâce de Dieu, duc de Bouillon, marquis de Franchimont, comte de Looz, etc. et le plus méritant des mécènes, Gérard Mercator de Rupelmonde donne et dédie ce globe.
Un second cartouche sert de cadre à la protection intellectuelle du globe. Il stipule en effet que Mercator a obtenu en sa faveur une défense d’imitation et de vente pour dix années.

Inhibitum est ne quis hoc opus imitetur, aut alibi factum vendat, intra fines Imperii, vel prouinciarum inferiorum Caes. M[aiesta]tis ante decennium, sub poenis et mulctis in diplomatibus cotentis. Obernburger & Soete subscrib[unt]

Inhibitum est ne quis hoc opus imitetur, aut alibi factum vendat, intra fines Imperii, vel prouinciarum inferiorum Caes. M[aiesta]tis ante decennium, sub poenis et mulctis in diplomatibus cotentis. Obernburger & Soete subscrib[unt]
Il est interdit pour qui que ce soit d’imiter cette oeuvre ou d’en vendre une faite ailleurs, dans les frontières de l’empire ou dans les Provinces-Unies de sa majesté impériale, avant une décennie, selon les peines et amendes établies par documents officiels. Obernburger et Soete signent
Mercator a soin aussi de marquer le lieu et la date de la publication, inscription que l’on retrouve sous la queue du Poisson méridional lui-même sous la constellation du Capricorne.

Louanij anno Domini 1551 mense Aprili

Louanij anno Domini 1551 mense Aprili.
A Louvain en l’an du Seigneur 1551, au mois d’avril.
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Constellations https://wp.unil.ch/mercator/les-constellations/ Mon, 29 May 2017 12:16:18 +0000 http://wp.unil.ch/mercator/?p=4265 e siècle [...]]]>
Est-ce par simple désir de se rendre le monde nocturne familier que les hommes ont ainsi peuplé le ciel de personnages mythologiques et d’animaux variés ? Certainement pas. La sphère étoilée était un complément indispensable à la géométrie de la sphère ; elle permettait de localiser concrètement dans le ciel les cercles fondamentaux de la sphère céleste ; elle fournissait à la Sphérique son application pratique.Germaine Aujac

Du point de vue de la représentation et de la nomenclature des constellations, le globe céleste de Gérard Mercator est le plus complet du XVIe siècle. Mercator utilise entre autre des figures transmises par la tradition littéraire inspirée de sources grecques. Il s’affiche ainsi parfois moins en astronome qu’en homme de la Renaissance en exerçant son sens critique dans la sélection de ses sources.

Chaque constellation est répertoriée sous son nom latin et grec, avec en complément la translittération de son nom arabe ou ce qui passait pour telle au XVIe siècle. Mercator doit avoir consulté plusieurs sources pour sa nomenclature et il semble avoir procédé de manière encyclopédique. Son érudition en matière d’étoiles est livresque, il n’est pas question d’observation astronomique.

Les Pléiades par Mercator

Les Pléiades, représentation moderne. Source : stellarmap.com

Les Pléiades

Le groupe des Pléiades est connu depuis l’Antiquité. Certaines étoiles de cette constellation sont perceptibles à l’œil nu. Le catalogue stellaire de Ptolémée et ceux qui en dérivent, en décrit seulement quatre. Le globe de Mercator en présente sept.

Portfolio des constellations
Mercator apporte un grand soin pour rendre ses globes utiles. Si les opuscules d’origine qui accompagnaient les globes ont été perdus, Mercator parle des nombreuses applications de sa sphère céleste dans une copie du Declaratio insigniorum utilitatum découverte à Milan. En expliquant certaines manipulations, sa sphère céleste peut, suggère-il à ses contemporains, servir à :
  • Apprendre « la quantité du jour », c’est-à-dire la latitude et l’heure du lever et du coucher du soleil ;
  • reconnaître les étoiles du ciel, même sans en avoir la moindre connaissance préalable ;
  • fournir le moyen de mesurer la hauteur d’une étoile ou du soleil au-dessus de l’horizon et la distance du soleil au-dessous de l’horizon ;
  • indiquer le temps que met une étoile à achever son cours au-dessus de l’horizon, depuis son lever jusqu’à son coucher ;
  • déterminer la méridienne d’un lieu ;
  • trouver la latitude d’un pays ;
  • détecter le signe et le degré du Zodiaque où se trouve le soleil ;
  • juger l’époque de l’année à laquelle une étoile doit passer le méridien à minuit ;
  • reconnaître l’heure à laquelle une étoile atteindra le méridien ;
  • saisir le temps du crépuscule.
Pour en savoir plus
  • Union Astronomique Internationale / International Astronomical Union
  • Aujac, G. (1976) « Le ciel des fixes et ses représentations en Grèce ancienne », in : Revue d’histoire des sciences, Vol. 29, N° 4, pp. 289-307 [URL].
  • Dekker, E., Krogt, P. van der (1994) « Les globes », in : Watelet, M. (1994), pp. 242-267.
    Dekker, E. (2013) Illustrating the phaenomena : celestial cartography in Antiquity and the Middle Ages, Oxford : Oxford University Press.
  • Whitfield, P. (1995) The Mapping of the Heavens, London : The British Library.
  • Woodward, D. (2007a) Cartography in the European Renaissance, « The history of cartography » (J.B. Harley & D. Woodward, eds.), Vol. 3, Chicago : The University of Chicago Press, Parties I-3, I-4, I-5, pp. 53-173.
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Sphère céleste https://wp.unil.ch/mercator/la-sphere-celeste/ Mon, 29 May 2017 12:15:52 +0000 http://wp.unil.ch/mercator/?p=4263 [...]]]>
Dans le tissu de l’espace comme dans la nature de la lumière, figure, en tout petit, la signature de l’artiste.Carl Sagan

La sphère céleste de Mercator est cerclée par un méridien de laiton coiffé au pôle d’un cadran horaire (absent de l’exemplaire lausannois) et par un anneau d’horizon qui indiquent les principales fêtes religieuse et leurs dates ainsi que les douze signes du Zodiaque et permet des pronostics astrologiques.

La sphère est composée de 12 fuseaux limités à 70° de latitude nord et sud et chaque région polaire est complétée d’une calotte circulaire. Les fuseaux célestes sont alignés selon les coordonnées équatoriales plutôt que les coordonnées de l’écliptique ; ils se rencontrent aux pôles célestes qui coïncident avec l’axe de support de la sphère.

Une grande partie de la zone autour du pôle Sud est vierge, Ce n’est pas étonnant, puisque cette zone n’était pas perceptible sous les latitudes européennes. Les étoiles dont la déclinaison est supérieure à 66°30’, en valeur absolue, font ainsi défaut. Les constellations sont nommées en latin et en grec, avec leur translittération arabe.

Le globe fabriqué par Mercator indique une correction précessionnelle de 20°55’, ce qui est conforme à la théorie de Nicolas Copernic. L’équateur et l’écliptique sont gradués et leurs degrés y sont numérotés de dix en dix. Le premier méridien passe tout près de la queue des Poissons qui est figuré au-dessous de l’aile de Pégase.

L’anneau d’horizon, ou horizon rationnel, est divisé dans le sens de sa largeur, en deux moitiés :

  • la moitié interne offre, du dedans au dehors, la division en degrés, les signes du Zodiaque, les jours et les mois du calendrier romain, les principales fêtes de l’église, les principaux vents des différentes saisons ;
  • la moitié externe porte des pronostics astrologiques, une trace de l’astrologie arabe qui comptait encore des adeptes au XVIe siècle ; des historiens supposent que Mercator, en les inscrivant doit avoir fait une concession aux croyances populaires.
Reproduction des fuseaux du globe céleste : horizon et calottes

© Bibliothèque royale de Belgique, avec permission

Les formes et les dimensions relatives des étoiles fixes de six grandeurs différentes ainsi que les nébuleuses sont marquées. Mercator en donne les modèles vers le sommet de la sphère au-dessus de la constellation des Gémeaux.

Magnitudines stellarum (tailles des étoiles). © UNIL Magnitudines stellarum (taille des étoiles). © Bibliothèque royale de Belgique, avec permission

Indépendamment de la voie lactée et d’un grand nombre d’étoiles non rattachées à des groupes symboliques, Mercator représente presque l’ensemble des 1022 étoiles ptolémaïques (on dénombre 934 étoiles selon J. van Raemdonck), agencées entre 51 constellations au lieu des 48 constellations courantes depuis l’Antiquité. Il représente ainsi en plus :

  • Antinous, formée de 6 étoiles, située sur l’équateur au-dessous de l’Aigle. Cette constellation est étroitement associée à celle de l’Aigle dont elle emprunte les étoiles australes. Elle ne fait plus partie de la carte moderne du ciel depuis 1930.
  • Lepus, formée de 12 étoiles, située dans l’hémisphère sud sous les pieds d’Orion ;
  • Cincinnus (Caesaries, Berenicis crinis, Trica) formée d’une étoile et 2 nébuleuses, localisée dans l’hémisphère boréal sous la queue de la Grande Ourse. La Chevelure de Bérénice figure dans la liste officielle des constellations depuis 1930 ;
  • Canicula (Almogelsa, Alschere, Procyon) placée dans l’hémisphère boréal au-dessous de la queue de l’Ecrevisse, à sa place véritable, contrairement à Jocodus Hondius qui la localisera plus tard dans l’hémisphère austral.
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