Mercator fait preuve d’un grand art dans la gravure, maîtrisant l’ensemble des étapes de la conception des globes jusqu’à leur facture finale, une expertise que personne ne saura égaler par la suite.
La cinquième planche comprend les deux figures circulaires des calottes polaires et l’anneau d’horizon, mesurant 5 cm de large, divisé lui-même en quatre segments.
© Bruxelles : Bibliothèque Royale de Belgique, 7 D 148 (RP), avec permissionTout comme le globe terrestre, la cinquième planche comprend les calottes polaires et l’anneau d’horizon divisé en quatre segments.
© Bruxelles : Bibliothèque Royale de Belgique, 7 D 148 (RP), avec permission
Les planches de cuivre servent à la production des globes durant de longues années dans l’atelier de Mercator, sans doute plus de 40 ans, sans jamais être réactualisées ni copiées. Au décès du maître en 1594, les planches passent à son fils, Rumold Mercator, qui poursuit à Duisbourg l’activité de son père. Rumold meurt à son tour en 1600, laissant plusieurs enfants mineurs auxquels on conseille de vendre les planches gravées. Le tuteur des enfants en fait l’acquisition en 1604 puis les vend à son tour la même année à Jodocus Hondius, graveur et éditeur de cartes géographiques à Amsterdam.
Hondius meurt en 1612 et les planches passent à son fils et à son beau-fils Joan Blaeu, imprimeur et cartographe aussi à Amsterdam. On suppose que toutes les planches furent détruites lors de l’incendie de l’imprimerie de Blaeu le 23 février 1672.
À défaut de ces planches, il reste les dessins du revêtement des globes dont la Bibliothèque Royale de Belgique fit l’acquisition en 1868. Ce sont les seuls exemplaires connus en Europe. Ces dessins furent utilisés pour une reproduction facsimilée et la construction de sphères lors de l’exposition géographique de Paris en 1875. En 1968, un atlas, publié à Bruxelles, reproduit les fuseaux, anneaux et calottes des planches de Mercator.
La base de bois circulaire, de 42,5 cm de diamètre et de 3 cm d’épaisseur, s’insère entre les quatre colonnes et est collée sur les quatre pieds rectangulaires. Cette base circulaire, dont le bord est tourné, est constituée de trois planches dans le cas du globe céleste, quatre pour le globe terrestre. Un petit pied circulaire de 2,8 cm de diamètre et de 1,6 cm de haut s’insère au milieu de la base circulaire et soutient le méridien de cuivre grâce à une encoche. Plusieurs couches de papier servent de joint entre ce pied et la base circulaire.
Une petite boussole avec cadran horaire en chiffres romains était incrustée dans la base circulaire le long du bord sous le méridien de cuivre. Cette boussole est de forme carrée dans le cas du globe terrestre et octogonale dans le cas du globe céleste.
La surface de la base circulaire et les colonnes sont ornées de peintures. Le motif n’est plus identifiable, mais il pourrait s’agir d’un décor style faux marbre rouge et vert. Une couche claire probablement appliquée à l’éponge sert de couche de fond. Les pieds, les bords profilés de l’horizon et de la base circulaire sont peints en noir.
La face intérieure du globe céleste témoigne d’une précédente restauration.
Sur la face inférieure des socles on trouve différentes étiquettes :
Etiquette collée
Musée d’histoire des sciences No d’entrée
avec la mention manuscrite Lausanne.
Musée d’histoire des sciences No d’entrée 54
avec la mention manuscrite Observatoire.
Etiquette en plastique vert
VD
2 Coeli
Deux encoches permettent au méridien de cuivre de s’insérer dans l’anneau. L’emplacement des encoches est gravé et tracé en profondeur dans le bois.
Entre la couche de papier et le bois se trouve une épaisse couche d’adhésif chargé (ou une fine couche de préparation). La surface du papier est en partie recouverte d’un vernis à base de résines naturelles. Ce vernis ne recouvre pas entièrement l’horizon : sur environ 1,5 cm depuis l’intérieur (partie avec les inscriptions des horoscopes et des jours) une bande n’est pas vernie. La limite du vernis n’est pas très précise ce qui laisse supposer qu’il ne s’agit pas d’un vernis original.
L’épaisseur totale des parois de la sphère est difficile à déterminer, mais elle est évaluée à plus d’1 cm au minimum (mesurée dans un trou ne traversant pas complétement la coque). Les deux coques en carton-pâte ont probablement été formées sur des demi-boules de bois recouvertes de savon afin que les coques puissent être détachées facilement après séchage, une technique décrite par Denis Diderot et Jean d’Alembert dans leur Encyclopédie (1751-1772). Les coques ont ensuite été collées pour former une boule. Le joint d’assemblage est visible à la fois dans les images de scan et dans les radiographies sous la forme d’une ligne blanche plus dense.
Les multiples couches constituant la structure de la sphère ont été recouvertes de couches de préparation à la craie et à la colle protéique, permettant la création d’une surface lisse et homogène pour le collage des fuseaux à l’aide de colle d’amidon. Ces fuseaux ou segments au nombre de douze, s’arrêtent à 70°. Les pôles sont donc fermés par deux calottes de papier.
Les épreuves imprimées ont été colorées à l’aide de peintures à base de différents liants puis la surface de papier a été protégée à l’aide de vernis à base de résines naturelles.
Chaque sphère creuse est traversée par un axe métallique, probablement en laiton, lui-même inséré dans un bâton de bois plus large. Aux extrémités de cet axe, à l’intérieur de la sphère, se trouvent deux calottes de bois permettant de répartir la pression de l’axe afin d’assurer un meilleur équilibre lors de la rotation.
Dans le globe terrestre, une curieuse petite pièce métallique en forme de « a », d’environ 1 cm2, a pu être mise en évidence par la tomodensitométrie et les radiographies. Cette pièce se trouve très près de la calotte de bois sud et peut-être même à l’intérieur de celle-ci. Son utilité n’est pas très claire, il pourrait s’agir d’un système d’accrochage entre la calotte de bois et la sphère.