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1666

(Guillaume Marcoureau dit) Brécourt, La Noce de village

Paris: Girard, 1666

Souvenir d'une repésentation

Pour favoriser la réception de sa petite comédie, Brécourt évoque le souvenir d'une représentation heureuse qui a fait rire le dédicataire.

Voici une bagatelle où votre Altesse Sérénissime prit la peine de se divertir il y a quelque temps ; et cette peine, Monseigneur, vous expose encore à celle d’en recevoir l’offre que j’ose vous en faire. Ce n’est pas que je n’aie balancé sur un dessein si téméraire. Je me suis dit cent fois que cette matière était trop indigne de se présenter à un prince qui ne doit être accablé que des épîtres les plus sérieuses et des ouvrages les plus sublimes. Mais une autre raison m’a dit, en combattant celle-là, que les princes ne sont pas exempts de rire, et qu’il est bon de leur procurer quelques-uns de ces moments, pour les divertir un peu des grandes occupations et donner par là quelque relâche au travail qui, les fatiguant trop, ne les épargne pas assez. J’ai donc cru, Monseigneur, que La Noce de village, qui vous a fait rire une fois, pourrait paraître une seconde devant votre Altesse Sérénissime, non pas pour la faire rire – elle ne se vantera peut-être plus de cet honneur – mais pour vous faire souvenir en la voyant, Monseigneur, que vous y avez ri. La voici qui vient à Votre Altesse Sérénissime en villageoise, c’est-à-dire parée de ses beaux habits comme au jour d’une grande fête. La fête est grande pour elle, et je puis dire que cette Noce de village ne se trouva jamais à telle noce, et que je ne me trouvai jamais si embarrassé que de l’y mener.

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