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1660

(Guillaume Marcoureau dit) Brécourt, La Feinte Mort de Jodelet

Paris: J. Ribou, 1660

Les comédiens, âme de la comédie

Brécourt rappelle dans cette préface l'interprétation réussie des acteurs de la pièce, qui ont fait rire le dédicataire.

Comme la représentation ne vous en a pas déplu, je me persuade facilement que la lecture pourra vous faire passer quelques moments de mélancolie, si vous en avez. Je ne me vante pas que ce soit par le peu de mérite de cette petite comédie, mais peut-être bien par le souvenir que vous aurez, en la lisant, de la charmante exécution de ceux qui l’ont représentée. Ce n’est que par là sans doute qu’elle nous a divertis, et très assurément si vous l’aviez lue avant que de l’avoir vu jouer, vous l’eussiez jouée vous-même, et son pauvre père aussi. Elle en serait morte de regret, et moi de honte. Mais comme les comédiens servent d’âme à la comédie, je l’ai animée en la faisant représenter, et sa réussite m’a fait regagner ma pudeur poétique ; et principalement quand j’ai vu qu’elle vous faisait épanouir la rate. Mais, Monsieur, malgré cet enthousiasme, je vous trouve bien malheureux en rire : vous ne vous êtes pas si tôt réjoui que vous en portez la folle enchère. Parce que la Feinte Mort de Jodelet vous a donné quelques moments de joie, il faut que vous ayez peut-être l’éternel chagrin de vous voir dédier un coup d’essai. Voilà qui est bien fâcheux pour vous, mais plus encore pour moi, car j’appréhende bien que, pour punition de ces deux contraires que je cause, vous ne souffririez pas la qualité de Monsieur…

Préface en ligne sur la Bibliothèque numérique de Nîmes n.p.


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