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1668

Charles de Saint-Évremond, Lettre au comte de Lionne

Lectures théâtrales

Dans cette lettre au comte de Lionne datant d'avril 1668, Saint-Évremond témoigne son estime pour Thomas Corneille et pour Molière et donne son avis après la lecture de leurs pièces :

Je suis fort obligé à Monsieur de Corneille de l'honneur qu'il me fait. Sa lettre est admirable, et je ne sais s'il écrit mieux en vers qu'il ne fait en prose. Je vous supplie de lui rendre ma réponse, et de l'assurer que personne au monde n'a tant d'estime pour tout ce qui vient de lui, que moi. Je n'ai point lu ni l'Amphitryon ni Laodice, mais en jetant les yeux au hasard sur Laodice, les vers m'y ont arrêté plus que je ne pensais. Songe-t-on que l'amour se déguise ? Cela est le mieux pensé du monde, et le plus heureusement exprimé. Je vous prie de remercier l'auteur pour moi de la bonté qu'il a eue de m'envoyer sa pièce ; je la lirai avec grand soin, et avec autant de plaisir assurément. Vous n'aurez point de compliments pour votre particulier, les amitiés bien établies rejettent tout ce qui peut sentir la cérémonie.
Depuis votre lettre écrite, j'ai lu un acte de Laodice qui m'a semblé le plus beau du monde ; et Molière surpasse Plaute dans son Amphitryon, aussi bien que Térence dans ses autres pièces.

éd. R. Ternois, Paris, Marcel Didier, 1967, t. I, p. 146-147.


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