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1696

[Anonyme], Recueil Tralage

Paris, Librairie des bibliophiles, 1880.

Critique de la Naissance de Vénus (opéra)

Le recueil Tralage nous conserve cette critique en vers de l'opéra intitulé La Naissance de Vénus de Collasse sur un livret de Pic.

Critique de l'opéra de La Naissance de Venus représenté à Paris en 1696

Sur l'air : « Il ne fait point mal au cerveau. »

L'abbé Pic, Colasse et Pecour,
Enchantent la ville et la Cour ;
Ils font sortir Venus de Fonde ;
La bonne dame dit tout net :
« Je viens rendre heureux tout le monde. . . »
Chacun répond : « C'est fort bienfait. »
Un merveilleux étonnement
Suit ce pompeux événement :
Il ne saurait manquer de plaire ;
C'est l'Amour qui fait les honneurs
De la naissance de sa mère...
La nouveauté charme les cœurs.
L'adroit Mercure, pas à pas,
Suit la déesse des appas ;
C'est en vain que Neptune en jure !
Tous ses chagrins sont superflus :
Peut-on se passer de Mercure
Aux lieux où respire Venus ?
Vulcain, qui ne la connaît pas,
Est enchanté de ses appas :
Pour épouser cette déesse.
De ses fourneaux il est venu.
Est-il le premier qui s'empresse
Pour que l'on le fasse cocu ?
Jupiter a la foudre en main,
Pour consumer le genre humain ;
Car il est jaloux de Neptune.
Ce Dieu, qui n'est pas moins brutal,
Veut inonder jusqu'à la lune,
Si Vénus est à son rival.
Pour ne point faire de jaloux,
Vénus prend Vulcain pour époux.
Ce dénouement est admirable ;
Chacun crie, en voyant cela :
« Peut-on, sans se donner au diable ;
Faire un si charmant opéra ! »
Mais ce Prologue a mille appas.
Pourquoi n'en parlerons-nous pas ?
On voit dans une paix profonde
Les trois Grâces y sommeiller.
Pour plaire au plus grand roi du monde,
On dit qu'il faut les éveiller.

Édition disponible sur Openlibrary, p. 94-95.


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