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1697

Charles Dufresny, Le Négligent

La Haye : J. van Ellinkhuysen, 1697

Commentaires sur l'opéra

Fanchon annonce dans ce prologue l'arrivée d'un poète qui ne parle qu'en chantant. Elle s'en moque en ces termes :

FANCHON.
[...] Ha, ha, ha. Il faut qu'il ait gagné cette maladie-là à l'Opéra, et il n'est pas le seul. Si l'Opéra se soutient encore dix ans, la contagion de la musique gagnera la masse du sang des Français : on ne parlera plus qu'en chantant, et l'on ne marchera dans les rues que par pirouettes, et par caprioles. Je voudrais bien voir cela avant que de mourir.

ORONTE.
Pourquoi non ? On s'y accoutumerait, comme à voir toutes les têtes avec des cheveux d'emprunt.

FANCHON.
Si le chant devenait si commun, l'Opéra ne serait plus recherché.

ORONTE.
Au contraire, si tout le monde parlait en chantant, l'Opéra deviendrait une chose naturelle ;et cela n'en serait pas plus mal.

FANCHON.
Fi, Monsieur, ce ne serait plus qu'une comédie.

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