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1658

René Le Pays, Le Marquis violon

(s. n.), Saint-Jean-d'Angely, 1658.

Les amoureux sont des Jodelets

Dans Le Marquis violon les belles piègent leurs galants dans d'amusantes comédies. Les folies d'un amoureux sont ici comparées aux tours de Jodelet :

La nuit étant venue, aussi bien que le temps de se retirer, un valet alla lui porter un flambeau dans la chambre préparée. Il l’y suivit, il s’y coucha et s’endormit assez bien pour un homme amoureux. Il y avait déjà deux ou trois heures qu’il était en un profond sommeil lorsque quelques laquais instruits par Tyrcis et mon frère allèrent dans un grenier qui était sur sa chambre pour jouer leur personnage quand le signal serait donné. Lorsque tout fut en état, on envoya une femme suivante qui, après avoir fermé cette chambre à clef, vint à la porte faisant merveilleusement bien la pleureuse, appeler le pauvre médecin endormi en des termes qui témoignaient un grand empressement. […] Cette farce nous fit rire autant qu’elle était agréable, mais notre divertissement n’eût pas été parfait si Monsieur Blaise n’eût eu sa part dans cette tromperie et comme nous savions bien que le médecin ne se vanterait pas de son infortune, nous nous résolûmes de jouer la même pièce à Me Blaise et en effet elle fut si bien conduite de la même façon qu’il eût encore plus de peur que M. Damien, mais il n’en donna pas tant de témoignages, si bien que ces deux braves amoureux nous faisaient plus rire que si Jodelet nous eût tous les jours joué des farces car il n’était point d’heure qu’ils ne nous donnassent de nouveaux divertissements parce que l’amour qui a coutume de polir les esprits forts trouble tout à fait les faibles et leur fait faire mille extravagances.

René Le Pays, Le Marquis violon, (s. l. n. d.) [Saint-Jean-d'Angely, 1658], p. 141-146.


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